Ce n'est qu'un au revoir (3)
Cette fois, on est dans une version plus modeste de mon p'tit tour d'adieu. Cela se fait à la maison, en petit comité, et en plus en un temps limité. Car mes deux convives du jour n'ont que deux heures à me consacrer. Tic-tac, c'est parti...
En mise en bouche des bouchées croustillantes à la crevette, avocat, radis et betterave jaune. elles sont accompagnées par un Mosel Riesling 2020 de Fritz Haag : la robe est or très pâle. Le nez est fin, profond, sur la mangue mûre, la citronnelle, le lemon curd et une pointe de citron vert. La bouche est très vive, tendue par une acicité tranchante renforcée par un perlant tonique, offrant une matière finement pulpeuse, aérienne, et une aromatique qui balance entre des notes mûres / exotiques et d'autres plus vertes / amères. Ce sont ces dernières qui finissent par l'emporter dans une finale encore plus vive et traçante, avec une persistance sur le fruit de la passion et la mangue verte.
Millefeuille poireau /jambon de Paris, avec une sauce "vinaigrette" (huile d'avocat, vinaigre de riz, chutes de poireau, jus d'orange / pamplemousse, fruits secs grillés). Nous avons bu le même vin avec, car raisonnables nous sommes.
La viande est du paleron coupé au couteau, mélangé avec de l'oignon rissolé au beurre et de moelle (pour le gras et le goût). Il a été passé sous le grill en essayant de garder le coeur rosé. Les pommes de terre ont cuit au four-vapeur (200 °C, 45 mn). et assaisonnées avec un mélange de 3 poivres (blanc de Penja, noir de Kampot fumé, sauvage Voatsiperiféry) broyés au mortier à la minute.
Le plat a été accompagné par le vin rouge amené par mes invités, les Creisses 2021 de Philippe Chesnelong. La robe est rubis sombre translucide. Le nez est fin, mûr, presque aérien, sur les fruits rouges confits, les notes grillées / torréfiées, le pain d'épices. La bouche est ronde, ample, enveloppante, déployant une matière douce, caressante, sans le moindre tannin qui dépasse, sur un fruit mûr / compoté fusionnant avec un boisé luxueux. En arrière-plan, une belle fraîcheur diffuse (zeste d'orange) apporte le contrepoint nécessaire. La finale est un peu plus dense / serrée, avec une légère accroche, une amertume plus prononcée, (noyau, agrume, caramel) et une persistance sur le café, les épices douces et le pain grillé.
Avec la viande, c'est très sympa. Tout seul, c'est tout de même vite lassant.
Plateau de fromages : parmesan 24 mois, vieux salers, tomme au marc de raisin et pavé corrézien. J'ouvre une dernière bouteille, un Bergerac blanc Divin 2002 du Château Panisseau. La robe est d'un or intense tournant au cuivré. Le nez est riche, expressif, sur la marmelade d'abricot, la crème catalane, le miel en rayons, le safran... La bouche est trés ample, tapissant tout le palais d'une matière dense et douce, onctueuse, à l'aromatique confite et évoluée équilibrée par les amers de l'écorce d'orange. On retrouve ces derniers dans une finale plus concentrée, avec un retour en force de la crème catalane et du safran. L'aromatique et la texture font vraiment penser à un liquoreux... mais sans le moindre sucre perceptible. Superbe accord avec les fromages.
En dessert, servi dans les 5 dernières minutes (d'où la photo un peu ratée), un brownies au chocolat et cerises & coulis de griotte. Parce qu'il faut que je commence à vider mon congélateur ;-) Même pas eu le temps pour un café. Promis, on se reverra !