750 grammes
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A boire et à manger
3 mars 2024

Ce n'est qu'un au revoir (4 et fin)

Cette fois-ci, c'est le dernier repas de ma "tournée d'adieu". Peut-être le plus important, car il se passe chez mon ami Olivier C, avec sa compagne et ses parents.  En onze ans, ils sont devenus ma seconde famille – que je vois beaucoup plus souvent que la première, nettement plus éloignée géographiquement. Et puis, c'est Olivier qui m'a accueilli lorsque je suis arrivé dans le Limousin et m'a fait rencontrer sa "bande" avec qui j'ai passé tant de superbes moments. 

On démarre avec les gougères, l'une des grandes spécialités de Monique (je les ai exigées lors de la réunion préparatoire !). 

Et puis des fins copeaux de jambon ibérique, goûteux et pas trop salés. 

Pour accompagner tout ça, j'ai amené un Champagne Grand Cru Blanc de Pierre Legras. Cette cuvée spéciale est une base 1996 avec 17 ans sur lattes (puis 10 ans de vieillissement dans ma cave).  La robe est jaune paille, brillante, avec des bulles disparaissant assez vite. Le nez est fin, sur le citron confit, le  beurre noisette et la brioche chaude, ne laissant pas imaginer son âge?. La bouche bouche est vive,  plutôt traçante, avec des bulles très fines et crépitantes, une matière dense, puissante, séveuse, soutenue par une acidité citrique en colonne vertébrale (très 1996), sur le lemon curd et des notes caillouteuses. La finale est puissante, tonique, pétante de fraîcheur, sur  le citron beurré, et des notes crayeuses, avec une persistance sur la brioche et la noisette grillée. 

Ce vin est bluffant de jeunesse ! 
 

Nous poursuivons avec un grand classique d'Olivier C : le tartare de poisson. Cette fois, il est à base de truite (fumée et non fumée) complétée par une brunoise de poire et de fenouil, des pignons grillés et de fines tranches de kumquat. 

Un nouveau vin pour lui tenir compagnie (servi à l'aveugle) : la robe est or clair, brillante. Le nez est aérien, sur le pomelo, le cassis végétal  et la craie humide. La bouche est ronde, enrobante, déployant une matière douce, finement charnue, dotée d'une fraîcheur aromatique sur la pulpe de  citron et un léger menthol. La finale est plus concentrée, avec une fine mâche crayeuse et une persistance sur le bourgeon de cassis et le fruit de la passion. 

Aucun doute que c'est un sauvignon de Loire. Après... le choix est large. C'est le Chapitre 1 2020 des 4 Piliers (nous avons visité le domaine ensemble !)

C'est là que je commence à apporter ma contribution à ce repas avec cette sucrine compressée qui est devenu quasiment un plat signature.  Je l'ai préparée car les parents d'Olivier ne l'avaient jamais goûtée. C'était l'occase ou jamais..

Par rapport aux versions précédentes, des lamelles de Saint-Jacques crues fumées au bois de cerises ont remplacé le haddock, et les éclats d'amandes grillées ont remplacé les noisettes.  Si la sucrine est servie froide, la crème versée dessus est chaude. Elle est aromatisée avec les barbes des Saint-Jacques, une échalote, du citron confit et une touche de gingembre. 

J'ai amené une bouteille qu'Olivier avait beaucoup apprécié il y a quelques années : un Alsace Riesling 2015 de Laurent Barth. Sa robe est d'un beau doré. Le nez est intense, sur des notes terpéniques, le citron confit, le gingembre et la citronnelle (donnant quasiment l'impression d'un vin allemand). La bouche est élancée, fougueuse, avec une matière très concentrée,  séveuse, tout en réussissant à rester aérienne, offrant une  aromatique confite mais fraîche, renforcée par un fin perlant. La finale est riche, généreuse, d'une  grande fraîcheur, sur le citron confit, l'ananas frais, le fruit de la passion et le combava. 

Un très beau riesling qui n'a que très peu évolué depuis 5 ans. 

J'ai tellement aimé la joue de boeuf  que m'a servie Dominique il y a deux semaines que j'ai décidé d'en préparer une à mon tour. Elle est accompagnée d'une purée de céleri et panais rôtis longuement au four (2h30 pour le premier). 

Il fallait un vin puissant pour lui tenir compagnie : j'a choisi ce Coteaux de Béziers Le Prime Verd 1999 du Domaine de Ravanès. J'avais connu celui-ci grâce à Vins étonnants qui vendait à ses débuts les Gravières du Taurou. Vers 2005, j'étais allé voir le producteur où j'avais acheté cette bouteille.  Dans sa jeunesse, c'était rude. Quasiment 20 ans plus tard, c'était encore bien fermé à l'ouverture. 6 heures de carafe large l'ont rendu plus souple et ouvert. 

Sa robe est grenat sombre, opaque, sans trace d'évolution. Le nez est  à la fois frais et confit, sur la crème de fruits noirs, la garrigue, la réglisse, le poivre cubèbe et le menthol. La bouche est ronde, très ample, enveloppante, offrant une matière veloutée impressionnante de densité dotée d'une très grande fraîcheur aromatique, sur le menthol et des notes résino-balsamiques.  La finale est intense, séveuse, balsamique, sans la moindre dureté,   sur la mûre, le cacao, les  épices et la baie de genièvre. 

En théorie, ce n'est pas du tout mon type de vin, mais là, franchement, je suis impressionné par son caractère énergique et son aromatique incroyable qui vous emmène direct en Toscane. Très bel accord avec le plat. 

Le plateau de fromage est 100 % local. Une ruse pour me retenir dans le Limousine. Nous n'avons pas ouvert de nouvelles bouteille pour les accompagner. Comme j'avais toujours du rouge dans le verre, j'ai commencé par celui-ci. C'était pas mal du tout en fait. Il lui en faut plus pour l'impressionner. Mais je suis ensuite revenu sur le sauvignon qui allait très bien avec les chèvres.

Pour finir, une excellente tarte à l'orange signée Monique. 

Le dernier vin devait être mémorable. D'où ce Monbazillac Madame 2008 de Tirecul la Gravière (dont j'ai vendangé une partie des raisins).  La robe est entre le cuivre et l'acajou, aux reflets dorés.  Le nez est intense, sur le  safran, l'orangette, la truffe et l'abricot sec. La bouche est étonnamment tendue,  vive, (effet millésime) avec une matière riche,  onctueuse, très concentrée, et offrant une fraîcheur aromatique ébouriffante apportée par les agrumes confits.  La finale est riche,  généreuse,  encore plus fraîche que la bouche, sur la la la mandarine confite, l'orange amère et le safran. 

Avec le café, nous avons terminé ce beau repas en dégustant mes dernières inventions chocolatées, histoire de prolonger un peu plus ce moment de bonheur partagé.  

Bises à toute la famille C... ! 

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Quand deux passions se rejoignent pour n'en faire qu'une: la gastronomie
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