"Moselle" jour 4 : retour touristique et gastronomique par le Luxembourg
Pour notre retour, Didier m'avait demandé si j'avais une idée de restaurant entre Trèves et Liège. Quelques jours avant, j'avais vu une vidéo sur le restaurant de René Mathieu au Château de Bourglinster situé dans la petite suisse luxembourgeoise. Il fait une cuisine axée sur le végétal qui a l'air passionnante. Avant de s'y rendre, Didier nous a amené voir la cascade Schiessentümpel, à 20 mn du restaurant.
La rivière Ernz noire ne paraît pas très impressionnant. Elle a pourtant creusé au fil du temps un sacré canyon. Une personne à droite de la photo permet de rendre compte de l'échelle.
On se sent tout petit !
Non, ce n'est pas LA cascade. Patience...
La voilà ! Il y en a trois pour le prix d'une.
Je me demande si c'est naturel ou non. Probablement pas.
Pris à vitesse quasi-normale.
Pris à vitesse rapide, ce qui permet de saisir le mouvement de l'eau.
Le pont en grès et chaux a été construit en 1879 et est devenu le symbole du Müllerthal.
Et nous voici au au Château de Bourglinster. Il appartient à l'état du Luxembourg. En plus des deux restaurants, il y a des salles de conférences et de réception pour mariages et réunions d'affaire.
Tout le monde n'a pas envie de mettre une fortune dans un repas. Nous avons donc choisi la Brasserie qui a un cadre plus modeste mais présente des plats également servis à la Distillerie, le restaurant étoilé. Nous avons choisi le menu à 69 €.
En mise en bouche, une tempura de mauve sylvestre (au centre) et des chips de panais (à gauche) et de patate douce (à droite). La terre est évidemment "fausse". Sinon, ils ne planteraient pas les chips / tempuras dedans. Un ketchup végétal était fourni avec pour faire trempette (non photographié). La tempura était extra. Je n'aurais pas imaginé que la mauve pouvait avoir ce goût là.
Il nous est servi en même temps une eau à siroter aux fleurs et feuilles de merisier. Comme ma grand-mère préparait un "guignolet" avec des feuilles de cerisier, je ne suis pas trop surpris que l'on puisse faire cette eau fruitée sans se servir des fruits. Le résultat était fin et frais.
Puis arrive un velouté à l'égopode, aquafaba à la livèche et noisettes torréfiées. L'égopode est de la même famille que le céleri et la livêche, et en a une saveur proche. Elle est atténuée par de la pomme de terre qui donne une texture douce. L'aquafaba est l'eau de cuisson des pois chiches qui a les mêmes propriétés que le blanc d'oeuf. Ca permet de faire cette île flottante végétale au centre de l'assiette. L'ensemble est très bon et fait du bien par où ça passe.
Ce vin est servi avec le plat qui suit. Composé de grenache et syrah, il est rond, velouté et épicé, bien agréable. Après, y a pas de quoi se rouler par terre de plaisir. Mais il fait le job.
Le pain maison est sympa, même s'il manquait le beurre avec ;-)
Nous poursuivons avec un paleron de boeuf luxembourgeois maturé, betterave jaune , huile solarisée de forsythia et feuilles racines et fleurs d’alliaire. Le paleron, qui a été coupé en très fine lanière avant d'être cuit à basse-température, est d'une tendreté exceptionnelle. Avec un goût intense et complexe dû à la maturation. Le reste de l'assiette est extra, avec de multiples textures, températures, saveurs. On se régale !
Ce Pinot gris du château de Schengen est servi avec le plat suivant. Comme le vin précédent, il fait le job, mais rien de transcendant. C'est rond, frais, légèrement fumé, avec une aromatique plutôt discrète.
Et voilà un dos de cabillaud de la mer du nord (=skrei), asperges du Luxembourg, pommade blanche à l’aspérule, oseille, morilles. Il y aussi une feuille d'ail des ours qu'on ne peut pas rater. Je n'ai pas compris pourquoi il est question de "pommade blanche", car en fait c'est la petite quenelle "vert kaki" en bas à gauche de la photo. Ce que l'on ne voit pas, c'est un excellent jus végétal parfumé à l'immortelle qui lui donne un subtil goût de curry.
La cuisson du poisson est très bien (voir ci-dessus). Par contre, il n'a pas été assez dessalé. Ce qui fait qu'il était un poil trop salé au goût de plusieurs convives (dont votre serviteur). Mais quand on mangeait le reste avec, ça passait bien. Un très bon plat aussi !
Ce Coteaux du Layon du Château du Breuil est lui aussi correct, mais très loin de ce qui se fait de meilleur dans l'appellation. L'aromatique est bien confite, le sucre bien intégré, une bonne acidité. Mais ça manque de complexité, de tension et plus encore de magie. Bref, si on y retourne, on ne prendra pas la "sélection du sommelier " (tout de même 7.50 € le verre) mais plutôt une bonne bouteille que l'on se partagera.
Le pré-dessert s'apppelle souvenir d'enfance - Fleurs de cerisier et lilas - Agastache. Au dessus, une fausse meringue à base d'aquafaba parfumée aux herbes. En dessous, un sorbet fruité et gourmand. Ça a toutefois un goût de trop peu car cette sphère est un trompe-l'oeil. Il n'y a en fait qu'un petit centimètre de sorbet en dessous de la meringue.
Arrive un nuage de "fumée" dû à de l'azote liquide. Ce n'est donc pas de la fumée que l'on sent, mais de la violette !
Cela pour nous préparer au dessert : les saveurs d'une fleur et d'un fruit : fraise, violette, lait fermenté. Ce n'est pas d'une complexité folle, mais c'est bon et rafraîchissant, et surtout pas trop lourd. Ce qui fait que l'on se sent bien à la sortie de ce repas.
Quelques friandises chocolatées pour finir.
La cour intérieure du château
Le château sous le soleil.
Ce repas fut une jolie conclusion à ce voyage de 4 jours. Après quelques jours de gastronomie allemande, il ne pouvait pas mieux tomber. Il m'a donné envie d'y retourner pour cette fois-ci aller au restaurant étoilé pour apprécier totalement la cuisine de René Mathieu. J'essaierai de le faire début août...