Cela fait maintenant un mois que je suis à Agen. J'avais une grosse envie d'aller dans un bon restaurant.  Et ce n'est pas si simple.  Beaucoup sont maintenant fermés le dimanche. Un autre n'accepte que des groupes de 8 à 12 personnes.  Reste l'Auberge du Prieuré de Moirax dont je vous ai déjà parlé deux fois sur ce blog. Cela ferai donc trois !

La bonne surprise, c'est que l'on mange dehors. C'est assez inattendu, car il était sensé pleuvoir (et tonner) toute la journée. On me sert assez rapidement un cracker à la farine de soja et un palet de beurre bien tendre.  Et une bouteille de Chateldon en attendant le premier verre de vin. 

Quelques minutes plus tard, les mises en bouche arrivent ; d'abord une délicieuse raviole à la ricotta & olive kalamata posée dans un bouillon acidulé.  C'est vraiment très bon, dans un esprit umami. 

Puis un pain soufflé coloré au charbon, fourré d'un coulis de framboises et crème de shiitaké. C'est  croustillant, fruité /acidulé, avec une persistances sur le champignon Très bon aussi !

On finit avec un cornet au curry , pâte de datte et tamarin, crème d’agneau, mousse de pois chiches, croustillant de riz soufflé et épices agneau. Le meilleur des trois. Excellent !  Oui, la fleur de capucine se mange aussi. C'est pas désagréable, mais je ne suis pas un grand fan. 

Pour accompagner les deux plats qui arrivent, un Jurançon Part Davant 2023 de Camin Larredya. La robe est d'un beau doré. Le nez est exotique, sur l'ananas et la mangue. La bouche, elle, est plus fruit de la passion avec une acidité saillante qui tient lieu de colonne vertébrale à une matière ronde, mûre, bien équilibrée, 

Le pain, moelleux et croustillant, est délicieux !

Premier plat : Asperges vertes, sapin, aneth. Les asperges sont cuites al dente, avec une sauce subtilement parfumée aux bourgeons de sapin lactoferrmentés. L'aneth est très discret.  C'est franchement bon, avec juste ce qu'il faut d'originalité,

Puis voici la morue, crêtes de coq, sauce pil-pil, caramel d'oignons à l'encre de seiche. Alors, les crètes de coq n'ont rien à voir avec le gallinacé. Ce sont les feuilles vertes que l'on voit au premier plan qui proviennent de la célosie crête de coq (famille de l'amaranthe). Le poisson a une chair parfaitement cuite, offrant une texture d'une grande délicatesse. Cela contraste avec l'accompagnement qui s'avère goûtu, presque corsé, avec entre autre des câpres (cachées sous les feuilles) qui apportent de la niaque. 

Pour finir la partie salée, un filet de volaille, capucine, concentré de jus de carottes, tomme de bufflonne, jus gras de volaille et œufs de truite (ajoutés après la photo). Finalement, on a bien un "terre / mer", si tant est que la truite vienne de mer ;-)  Mais j'ai trouvé que les oeufs n'étaient pas trop "poissonneux". Le plus marquant, c'était leur texture craquante et leur salinité qui fonctionnaient bien avec la texture dense /tendre de la volaille. Les tuiles apportaient un croustillant intéressant dans un ensemble plutôt "mou". 

Le premier dessert, ganache à l'asperge blanche, thé rouge, dulse, sorbet yaourt et huile d'olive, est un véritable choc gustatif. L'intitulé ne mentionne pas les fines tiges craquantes d'asperge et les pointes de salicorne, toutes les deux crues. C'est en fait leur environnement (légèrement) sucré qui en font un dessert. Et ça fonctionne remarquablement bien. Le sorbet yaourt / olive d'une grande subtilité est absolument délicieux, Bref un excellent dessert !

Le second dessert, agrumes confits, sorbet persil, vinaigrette aux feuilles de cannelier, paraît du coup beaucoup plus classique, même s'il ne l'est pas tant que ça. En particulier le sorbet au persil qui mérite à lui seul le détour. La "vinaigrette" (versée après photo) était excellente elle aussi. Et chaque petit morceau d'agrume éclatait en bouche. Bref, une réussite très rafraîchissante !

Et voici les mignardises : Crème de mélilot, mousse cardamome (que j'avais entamée avant la photo). Très douce en texture, subtile. 

La tartelette gingembre confit , chocolat noir et gel de thé fumé est nettement plus clivante, marquée par les amers du gingembre et le côté tourbé du thé fumé. Mais très intéressant. 

On finit par une gaufre fourrée, Guinness, orge malté, lin torréfié, orange , citron. Je m'attendais à une texture croustillante. Du tout, c'était totalement tendre. 

C'est assez rare pour le souligner : beaucoup de restaurants vous épatent par la partie salée, et puis, lorsque vous arrivez au dessert, vous êtes un peu déçu. Ici, ce fut plutôt l'inverse. La partie salée fut de bon niveau, mais sans la petite étincelle qui vous fait frétiller les papilles. Et puis, au moment des desserts, bing, c'est l'explosion !

A noter que le service fut vraiment impeccable de bout en bout : on se sent vraiment bien accueilli, ce qui est important lorsque vous venez seul au restaurant. 

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Auberge le Prieuré

Le Bourg 47310 Moirax

Tel 05 53 47 59 55

Mail : aubergeleprieure@orange.fr