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A boire et à manger
2 avril 2025

Bodega Lustau à Jerez

Lustau est la seule bodega que j'ai visitée à Jerez de la Frontera. Ce n'est pas faute de motivation. Mais aucune n'est ouverte à la visite en semaine avant 12 h, voire 13 h. Et pour ainsi pas de visite l'après-midi. Donc, visite de chai ou restaurant, il faut choisir.  J'ai  donc sélectionné l'une des plus qualitatives de l'appellation Jerez  qui avait en plus le mérite de proposer une visite avec dégustation de 7 vins (pour 36 €). 

On va dire que c'est ten  shades of sherries. De haut en bas : Pedro Ximenez (PX pour les intimes), Moscatel, Cream, Oloroso, Palo cortado, Amontillado, Manzanilla pasada, Manzanilla, Fino del Puerto, Fino de Jerez. 

Trois types de sols : sable, argile et albariza (sol blanc crayeux). 

Il y avait aussi à l'accueil une maquette qui permettait de voir une partie du chai.  Je dis une partie, car ça me paraît beaucoup plus vaste que celle-ci. 

Sur un mur, il y avait également une longue frise qui rappelait l'historique du domaine. Il démarre en 1896, mais ne s'appelait pas encore Lustau. Ca va venir plus tard. A l'époque, il ne produisait que le vin qui était vendu à ce qu'on appellerait en France des négociants-éleveurs.  

En 1940, la fille du fondateur qui a épousé un certain Emilio Lustau déménage dans des locaux plus grands. Progressivement, ils créent leur propre gamme de produits avec  des marques déposées. 

Dans les années 80, le directeur Rafael Balao fait rentrer le domaine dans l'ère moderne en créant les gammes actuelles, mais aussi une bouteille spécifique toujours utilisée. 

En 1990, la bodega Lustau fusionne avec le groupe Luis Caballero qui possède une dizaine de gammes et domaines. . 

En 2000, Lustau a acquis six bodegas du XIXe siècle dans le centre de Jerez. Ces bâtiments pittoresques ont été restaurés dans leur splendeur d'origine et abritent aujourd'hui les principales bodegas de vieillissement de Lustau, qui dirige la division Xérès du groupe Luis Caballero.

En 2011, Lustau est sacré meilleur domaine viticole espagnol. 

Donc, voilà, je ne suis pas n'importe où ;-)

C'est le début de la visite qui va se faire en Anglais (avec un très fort accent andalou).  Je suis le seul frenchie du groupe. Les dégustations vont se faire au long du parcours dans les différents entrepôts. 

Ca, c'est pour donner une idée de ce que nous allons boire dans l'heure qui suit. 

C'est le premier  vin servi : un Amontillado del Castillo de la gamme Almacenista. Cette solera  est composée de 38 fûts. Elle vieillit en moyenne 18 ans dans les caves du Château de San Marcos, dans la ville côtière d'El Puerto de Santa María.

La robe est entre le cuivre et l'ambre. Le nez est puissant et complexe sur le café, la noisette, la liqueur de noix. La bouche est très ample, emplissant le palais d'une matière très fine mais percutante, dotée d'une impressionnante aromatique oxydative. Finale très sèche, avec une explosion des saveurs et un retour de la noix grillée et du café. Ça envoie dès le départ !

Nous allons avoir une série de trois "finos" issus de trois terroirs différents. Le premier vient de Sanlucar de Barrameda situé  où le fino s'appelle Manzanilla (= camomille en espagnol). C'est la cuvée Papirusa élevée  5 ans sous voile (Papirusa était le nom de la poupée qu'Emilio Lustau a offerte à la fille de Joaquín Burgos, premier gérant de Bodegas Lustau dans les années 40).

La robe est jaune pâle. Le nez est fin, sur l'amande grillé, la camomille séchée et les épices. La bouche est très ample, fraîche, élégante, avec une impression de pureté. La finale est intense sur le curry et le souk oriental. 

Le Fino Jarana vient de Jerez. Il est élevé en moyenne 4 ans sous voile.

La robe est proche du précédent. Le nez est réduit sur l'allumette craquée, la tourbe fumée, faisant penser à un Graviers de Tissot. La bouche est vive et élancée, avec une matière très fine, aérienne, à l'aromatique épicée. La finale est intense, sur la croûte de comté et curry. La finesse et l'intensité d'un Château Chalon. 

 

Le Fino del Puerto a été élevé 5 ans sous voile dans l'air frais et humide de la ville portuaire d'El Puerto de Santa María. 

La robe est plus dorée. Le nez fin évoque l'amande grillée et le curry. La bouche est plus fraîche, plus intense, racée, avec une matière hyper-aérienne. La finale est très épicée, complétée par les fruits secs grillés. 

Entre-entrepôts

impressionnante charrue

Le Palo Cortado Lustau VORS (Very Old Rare Sherry) trouve son origine dans le processus de recherche et de sélection de Manuel Lozano, ancien maître de chai de Lustau, parmi les plus anciens fûts de solera de ce vin. Ce Palo Cortado est issu d'une sélection de sept fûts. 

A l'instar d'un Amontillado, l'élevage démarre sous flor.  Mais celle-ci disparait plus tôt que prévue (1-2 ans). Le vin est alors muté à 17.5 % pour éviter toute déviation bactérienne. 

La robe est ambrée, brillante. Le nez est très expressif, sur la crème brûlée, le pain d'épices, la noix grillée. Bouche élancée percutante, limite violente, avec une matière très concentrée à l'intensité aromatique impressionnante, très noisette grillée, café et caramel. La finale totalement sèche monte encore d'un cran dans l'intensité, avec une persistance proche de l'infinie sur le café et les épices grillées. 

Des p'tits fûts, des p'tits fûts, encore des p'tits fûts...

English visitor

Je n'ai remarqué ici que des soleras à trois "étages", ce qui est moins que dans d'autres bodegas. Mais tout dépend du temps où l'on laisse vieillir le vin dans les fûts. 

La solera proprement dite est la rangée inférieure (=posée sur le sol). Lorsque l'on prélève du vin de celle-ci, on complète le niveau avec le vin élevé dans la 1ère criadera posée juste au-dessus.  Elle-même est remise à niveau avec le vin de la 2ème criadera. Dans cette dernière, on rajoute du vin "jeune" provenant de cuve ou de foudre. Enfin, je suppose, car on ne visite pas le chai où est produit ce vin. On ne voit que la partie élevage, plus noble. 

La visite va bientôt s'achever. Mais il reste encore trois vins !

Voici  l'Oloroso Emperatriz Eugenia (oui, la nôtre, femme de Nap'3). Il a été élevé durant 15 ans sans protection de flor.

La robe est ambre profond, avec un nez sur le toffee, la figue sèche, le pruneau et le café. La bouche est ample, déployant une matière réussissant à être à la fois moelleuse et très sèche avec beaucoup de fraîcheur et d'intensité aromatique. La finale est explosive, sur l'amande grillée et le pain d'épices, avec une persistance sur le café et une touche de cacao. 

Puis ce Moscatel VORS (30 ans d'âge), issu de la sélection et de l'assemblage réalisés par Sergio Martínez, maître de chai et œnologue de Lustau, parmi les plus anciennes soleras vieillies dans les caves de Jerez.

La robe est acajou, quasi opaque (vin non filtré). Le muscat passerillé pointe d'abord son nez avant que n'arrivent des notes plus oxydatives (café, figue). La bouche est hyper fine, intense, super traçante, tout en étant très concentrée. La finale est magnifique, voluptueuse, car cette fois, il y a du sucre (et pas qu'un peu) qui évite l'austérité habituelle du Jerez, avec un aromatique complexe sur le muscat confit, la noisette grillé, le caramel, le café... 

Nous n'aurons pas droit à un PX. On passe direct au Vermut blanco servi sur glace. C'est un assemblage d'un Fino sec, minéral et vif et d'un Moscatel doux et floral dans lequel on a fait infuser diverses herbes : marjolaine, gentiane, romarin, armoise et camomille. 

 

Notre guide

La robe est or pâle. Nez très floral, délicat, avec une petite touche médicinale, façon Chartreuse, et une pointe de muscat. Bouche très fraîche, complexe, sans la moindre sensation alcooleuse, ni d'excès de sucre, avec une sensation de pureté / limpidité. La finale est très large , fraîche et aromatique, avec des herbes en pagaille, du citron, du muscat. J'adore.. Au risque de choquer les puristes, je préfère nettement ça à la chartreuse pour un prix beaucoup moins élevé (15 € la bouteille). Oui, ça n'a rien à voir, qu'on va me répondre. Ben je sais, mais je persiste ;-)

Eh bien, c'est une chouette visite, même si je n'ai pas tout capté ce qu'a dit la dame. Ce qui fait que je n'était pas super attentif. J'étais un visiteur un peu à part, qui enregistrait ses commentaire sur le téléphone, crachait les sur le sol en terre...  Faudrait pas qu'ils soient tous comme moi !

Pour vivre la même expérience, c'est ICI.

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