Dernier repas chez Philippe Redon
La nouvelle est tombée il y a une bonne semaine : Philippe Redon a vendu son restaurant et fermera d'ici quelques semaines. C'est donc le dernier repas que nous ferons chez lui. Il nous faudra trouver ensuite un autre point de chute. Mais bon, point de larmes au programme. Que du plaisir !
Babioles 1
Babioles 2
Champagne Cuvée Prestige 2013, Christian Coquet
La robe est or clair, avec des bulles discrètes. Le nez est fin, sur les fruits secs, la poire, la pomme tapée et les épices. La bouche est vive, tendue, renforcée par une effervescence tonique, avec une matière dense et fraîche, soulignée par une astringence crayeuse / citronnée. La finale est concentrée, avec de superbes amers, sur la pomme granny, le pomelo, les épices et les notes salines. Une jolie découverte !
Le premier plat est une effeuillée de Saint-Jacques de plongée, poivre, Zestes de citron, huile d'olive fruitée. L'huile est d'une grande délicatesse, n'écrasant non seulement pas les autres protagonistes, mais les sublime. La chair de la Saint-Jacques est d'une douceur sensuelle à la limite du troublant. Une assiette simple, mais superbe, avec un délicieux Menetou totalement raccord. Ca démarre très très bien !
Menetou-Salon 2018, Philippe Gilbert
La robe est dorée, brillante. Le nez est élégant sur la groseille à maquereau, le zeste de citron et la craie humide. Bouche ample fraîcheur pure évidente qui inonde le palais délicatesse de toucher finale plus charnue savoureuse sur le cassis végétal la rose la pulpe de citron et le poivre timut
Nous poursuivons avec une quenelle de grosse crevette, jus de raisin vert. Il y a une touche de curry dans la quenelle qui va très bien avec la générosité du Châteauneuf. La texture très fine de celle-ci n'a pas grand chose à envier à celle des Saint-Jacques. Le jus de raisin est une petite tuerie. Encore un très bon plat !
Châteauneuf du Pape blanc 2023, Château Mont-Redon
La robe est proche du vin précédent. Le nez est étonnamment racinaire (gentiane, gingembre), complété par le cédrat. La bouche est ronde, ample, enveloppante, offrant une matière moelleuse contrebalancée par des amers percutants. La finale est intense, tonique, avec toujours ces beaux amers prolongés par une acidité montant crescendo, sur le fenouil, l'anis et les épices. C'est très bien fait. J'apprécie dans le contexte. Mais c'est tout de même pas le genre de vin que je kiffe.
Arrivent des huîtres spéciales pochées, sabayon au safran et brioche toastée. C'est assez étonnant, comme plat, mais c'est bon et raconte plein de choses. Par contre, il va être écrasé par le vin qui a un sacré caractère.
Savagnin amphore 2018, Bénédicte et Stéphane Tissot
La robe est orangée trouble. Le nez puissant évoque la bière rousse, l'orange séchée, la térébenthine, avec une volatile assez élevée. La bouche est tendue, racée, d'une grande ampleur, avec une matière aérienne gagnant rapidement en densité puis en mâche, et une aromatique marquée par l'écorce d'agrume séchée. La finale vive est encore plus intense, avec un Triple A décoiffant (Amertume, Astringence et Acidité) sur l'orange amère, le houblon et le quinquina qui perdurent longuement. Impressionnant, mais pas mon truc.
Caché sous une tuile d'herbes fraîches, un filet de sole et un très bon beurre blanc. Très bon plat, lui aussi un peu écrasé par un vin d'une grande concentration.
Vouvray Compte Marc 2019
La robe est or clair brillante. Le nez est expressif, sur le coing frais, le miel et la pomme rôtie. La bouche est éclatante de fraîcheur, avec une matière concentrée d'une grande intensité aromatique, tendue par une acidité vivifiant, et soulignée par amers marqués (pomme à cidre). La finale est encore plus énergique, avec une acidité magnifique, sur le coing, le citron confit et le pain d'épices. Un très beau vin qui mériterait un plat avec plus de répartie.
Nous continuons avec un steak de betterave, oeuf d'une caille à cheval. J'ai déjà fait des tartares (oeuf de caille inclus) avec de betterave cuite au feu de bois. Mais je n'avais pas pensé à une version chaude. Bonne idée. Ca fonctionne pas trop mal avec le vin, mais les deux s'apprécient mieux séparément
Bourgueil grand clos 2016, domaine Yannick Amirault
La robe est grenat sombre. Le nez est très cab', sur le cassis, le poivron rouge grillé et le tabac (médocain). La bouche est ronde, ample, enrobante, offrant une matière charnue au toucher velouté, et une fraîcheur mentholée tonique et classieuse. La finale est intense, somptueuse même, avec un cassis d'anthologie et des notes grillées / fumées persistant sur le cigare. Excellent vin qui devrait être grand dans 5-10 ans.
Ce lièvre à la royale est très giboyeux. Presque trop pour le vin qui l'accompagne, même si ce dernier est d'une incroyable jeunesse.
Côte Rôtie Barbarine 2006, Gangloff
La robe est grenat sombre, légèrement trouble. Le nez est complexe et intense, sur le poivre, la suie, la fourrure, le cassis et le lard fumé. La bouche tonique est aussi ample qu'élancée, avec une matière veloutée délicieusement accrocheuse, et une grande fraîcheur aromatique très mentholée (plus cabernet que syrah). La finale est puissante, portée par une énergie décoiffante, sur le cassis, le menthol et le poivre fumé. Ce très beau vin de 18 ans gagnera encore à vieillir une dizaine d'années.
Ce sorbet des fromages d'ici, lamelles de poire est composé d'un bleu de chèvre et d'un brebis bien affiné. Ca dégage ! Le mariage ne se fait pas vraiment avec le cidre (qui préfère les pâtes lavées).
Cidre Solstice 2019, Julien Thurel
La robe est dorée / orangée. Le nez est très beau, sur la pomme rôtie au caramel contrebalancée par une pomme plus fraîche et tonique. La bouche est ronde, fraîche, intense, déployant une matière concentrée aux amers et l'astringence marqué, et aux bulles fines, caressantes, sur une aromatique de pomme rôtie. La finale est explosive, sur la pomme caramélisée et les épices. Du cidre de haut niveau !
Nous terminons avec une tarte au praliné et fruits de la passion. C'est très très bon, remarquablement équilibré. Et ça fonctionne très bien avec ce gewurz à l'âge vénérable.
Alsace Gewurztraminer SGN 1998, Roger Jung
La robe impressionnante est entre l'orangé et l'ambré. Le nez est envoûtant, sur la rose fanée, l'encens et les épices orientales. La bouche est élancée, sensuelle, avec une matière douce, moelleuse, d'une fraîcheur intense, et une aromatique mêlant notes florales et épicées. La finale est concentrée, séveuse, avec des sucres discrets, sur la rose, la fleur d'oranger et la pêche au sirop. Superbe.
P'tits gâteaux chocolat /noisette
J'avais acheté deux bouteilles de ce vin dégusté il y a 15 jours. Je l'ai amené en digestif.
Jerez Jalifa Amontillado Solera Especial VORS, Williams & Humbert
La robe est cuivrée aux reflets vermillons. Le nez est ultra-puissant, sur le café, le pralin, la datte, le caramel brun... La bouche est élancée, énergique, avec une matière fougueuse d'une rare intensité aromatique – tout en présentant une texture soyeuse et sensuelle. La finale atteint une puissance démentielle qui ne peut laisser indifférent sur le café, le toffee, le pralin, l'orangette et les épices. J'suis toujours fan !
Les vedettes de la soirée
Le chef qu'on remercie pour tous ces beaux repas !