Moselle, jour 1
Avec mes amis belges, j'ai fait un périple en Moselle de trois jours. Il a été organisé de main de maître par Didier qui est à moitié allemand, ce qui facilitait les choses dans un pays qui parle peu français (mais très bien anglais, par contre). Notre point de départ se situe au dessus de Bremm (qui n'a rien à voir avec la ville de Brême - Bremen en allemand) où l'on peut admirer l'un des nombreux méandres de la Moselle. Sur la photo, ça parait très calme. En fait, il y a une centaine de personnes tout autour, car le point de vue est réputé.
Sur la droite, la ville de Bremm. En contrebas et à gauche, le Grand Cru Calmont , le plus pentu de la moselle (65 %). Sur la langue de terre centrale, la ruine du couvent de Stoben.
Nous avons pu boire sur place un Ürziger Würzgarten Auslese 1990 de Christoffel-Berres. Sa robe est entre l'or et l'ambre. Le nez est intense, sur le berrawecke, la ruche (cire et miel), l'écorce d'orange. La bouche est élancée, tendue par un fil invisible et offre une matière riche, dense, moelleuse, sur une aromatique tertiaire / décadente. On sent un peu de sucre en finale , mais il est très bien intégré. Il est probable qu'il était meilleur il y a quelques années, mais il y a de beaux restes.
Nous avons descendu la pente et nous voilà au pied du Bremmer Calmonnt, avec le couvent juste en face. Sur la gauche, on voit des terrasses qui sont très très pentues.
On les voit un peu mieux là
Quand on tourne le dos à l'église. Tout à l'heure, nous étions tout en haut.
Nous avons longé la Moselle durant une petite demi-heure avant d'arriver à Punderich pour notre premier rendez-vous : Clemens Busch. Parti d'un petit domaine familial de 2 ha au milieu des années 80, il possède aujourd'hui la majeure partie du Grosse Lage Marienburg (16 ha sur 25). Celui-ci est subdivisés en plusieurs parcelles qui tiennent compte de l'exposition et du type de schistes (bleu, gris ou rouge). Les vins portent la mention "Grosses Gewächs" (Grand Cru) lorsqu'ils sont vinifiés en sec.
À noter que le domaine est l'un des rares à être en bio (dynamie), car cela demande beaucoup plus de travail sur ces parcelles non mécanisables. Il est la preuve que le désherbant n'est pas une fatalité (mais il reste énormément de confrères à convaincre).
Les 3 nuances de schistes
Nous avons pu déguster 14 cuvées de Riesling, très différentes les unes des autres, avec toutefois une trame commune (note fumée).
Les secs
Nonnengarten 2020 : nez sur l'herbe fraîche, la mandarine et la fumée. Bouche pure, fine, aérienne, subtilement caressante. Finale fumée, avec une légère mâche.
Vom grauen Schiefer 2018 : nez plus riche, plus mûr. Bouche plus intense, tout en restant fine et aérienne. Finale saline sur l'agrume confit et la fumée.
Vom blauen Schiefer 2018 : super nez sur le yuzu, l'ananas et la fumée. Bouche plus intense, pure et éclatante. Finale intense, fine et épicée.
Nonnengarten 2017 : nez complexe, aérien et profond, sur l'agrume, la mangue verte et la pierre fumée. La bouche est aussi large que longue, tapissante, avec une belle tension. Finale intense sur l'écorce d'agrume et la fumée.
Rothenpfad GG 2020 : nez réduit peu causant. Bouche très ample à la fraîcheur éclatante, avec toujours une grande finesse. Grosse mâche finale.
Fahrlay GG 2018 : nezcomplexe, profond, sur la mangue, l'ananas, le yuzu et une touche pétrolée. Superbe tension traçante, matière aérienne et classieuse. Grande harmonie. Finale très fumée et épicée. Très beau vin.
Falkenlay GG 2018 : nez d'abord réduit, puis fin et délicat. Bouche pure, traçante, énergique, racée. Matière fine et élégante tout en étant concentrée. Final très intense, minérale.
Raffes GG 2020 : nez très expressif et complexe. Bouche très ample, tension superbe, grande intensité aromatique. Magnifique.
Rothenpfad GG Réserve 2016 : nez superbe, à la fois confit et aérien. Bouche traçante, à la matière concentrée d'une paradoxale légéreté. Finale toute aussi concentrée, très fumée / saline / épicée.
Les "off dry" (j'adore l'expression !)
Marienburg Fass 80 Feinherb 2020 (14 g SR) : nez frais et gourmand. Bouche plus ronde, fraîche, avec un léger grazs. Finale douce et intense.
Marienburg Spätlese Fass 23 2011 : nez sublime sur l'ananas, le yuzu et la bergamote. Bouche très tendue, avec une matière riche, sensuelle, pleine de fraîcheur. Fin intense à l'équilibre parfait. Que c'est bon !
Marienburg Kabinett 2021 : nez végétal. Bouche éclatante de fraîcheur, fine. Finale également marqué par le végétal. On retrouvera ça dans quasiment tous les 2021 des trois jours de dégustation.
Marienburg Auslese 2017 : retour à un nez de haut niveau. Bouche explosive, intense, d'une grande sensualité. Finale superbe. Quel vin !
Merci à la famille Busch pour leur super accueil !
Puis nous arrions à Trier (Trèves) qui est notre camp de base.
Nous avons mangé dans cette salle de l'Auberge Zur Glocke (à la cloche)
J'ai mangé une salade composée avec des lanières de boeuf. Je pensais que ce serait light, mais j'avais oublié qu'on était en Allemagne. Il devait y avoir l'équivalent de deux steaks français (= 1/2 allemand). Les autres avaient pris d'autres plats plus copieux. Je vous raconte pas...
Vue de ma chambre d'hôtel !