Cela fait pas loin d'un an que l'ami Didier a programmé cette soirée et qu'il me pose régulièrement cette question : "Y viendras-tu ?". Longtemps, je n'ai pas su répondre, car je n'avais aucune idée de ce que je ferai le 7 février 2026. Il y a 15 jours, j'ai enfin pu lui confirmer ma venue. Y avait plus qu'à prévoir les détails d'intendance (et cela a été fait avec maestria). Le "hasard" fait que je suis logé chez l'habitant en compagnie d'une personne que je ne connaissais que virtuellement depuis une quinzaine d'années : Jean-Louis Coste-Clément (de cavecoste.com). Cela nous a donné l'occasion de discuter environ deux heures. C'était très sympa !

Avec nos logeurs, nous arrivons vers 19h00 afin de casse-croûter avec les bénévoles du PCVT. Je ne vous ai pas tout photographié : il y avait des plats sur 3 mètres de long ! Pour les accompagner, des bouteilles amenées par les vignerons présents ce soir. 

Ventoux blanc 2022, domaine Arnia

La robe est jaune pâle  Le nez est fin,  fruité, sur la poire, l'amande fraîche, le chèvrefeuille et le fenouil. La bouche est ronde, fraîche, friande, au fruit gourmand soutenu par un léger perlant.  La finale tonique est plus intense, avec des nobles amers et une persistance sur les épices. Très sympa ! 

Ventoux rouge 2022, domaine Arnia

La robe est grenat sombre. Le nez est fin, sur la cerise noire, l'olive verte, le poivre et la violette. La bouche est ronde, fine, enveloppante, avec une matière douce, élégante, sur un fruit mûr et épicé. La finale prolonge la bouche en douceur avec un peu plus de concentration, et une persistance sur les épices, l'olive noire et le poivre. Très bon. 

Côtes du Rhône vieille vigne 2022, Clos du Mont Olivet

La robe est rubis sombre. Le nez est extra, sur la tapenade, l'écorce d'orange et le thym. La bouche est ample, aérienne, avec une matière très fine, élégante, gagnant progressivement en densité. La finale plus concentrée,  mâchue, sur les fruits rouges confits, l'orange et les épices. J'aime beaucoup !

Lirac 2020, Clos du Mont Olivet

La robe est très proche du précédent.  Le nez est plus mûr,  confit, sur les fruits bien mûrs, l'encens et des notes balsamiques. La bouche est plus ample, plus dense, plus sensuelle, sur les fruits noirs compotés et des épices à foison. La finale chaleureuse est plus mâchue, finement accrocheuse, sur la cerise confite, les épices et le cacao. C'est très bien, mais moins ma came. 

Il est 20h15. Le quart d'heure villepreusien vient de s'achever. Il faut démarrer!  Avant de déguster, nous allons assister à une  véritable conférence sur l'appellation Châteauneuf ... et le Comté ! Histoire de ne pas lasser, Michel Blanc (président du syndication des vignerons) et Claire Perrot (du comité interprofessionnel de gestion du Comté) vont se succéder en abordant à tour de rôle des thèmes identiques sur les deux sujets : historique, terroir, fabrication, élevage... Le parallèle entre les deux était vraiment intéressant. 

J'aurai appris qu'il n'y a pas à 13 cépages à Châteauneuf ... mais 18 !  Car trois d'entre eux existent en 3 couleurs différentes (Grenache, Clairette et Piquepoul). 

Historiquement, le comté a été conçu au moyen-âge : sa grosse taille permet de le conserver plus longuement qu'un petit fromage. Comme il faut 400 l de lait pour faire une meule, les paysans sont obligés de se regrouper dans des fruitières créées à proximité. Dans le cahier des charges, il y a d'ailleurs l'obligation de mélanger les laits de plusieurs producteurs pour faire une meule. Sur les 3 départements de l'appellation, il y a pas moins de 140 fruitières. 

Nous passons à la dégustation de trois Châteauneuf blancs

Châteauneuf du Pape 2023, Clos du Mont Olivet 

(40 % Clairette / 30 % Roussanne / 14 % Bourboulenc /10 % Bourboulenc / Clairette / Grenache gris / Picardan / Picpoul blanc)

La robe est jaune pâle. Le nez est finement beurré, sur la  pomme mûre, le fenouil et l'amande grillée. La bouche est ample, classieuse, à la fraîcheur éclatante renforcée par un fin perlant, offrant un fruit élégant  et épicé. La finale est généreuse mais bien équilibrée, sur la poire, le fenouil, les épices et le caramel au beurre salé qui persiste longuement. C'est encore bien jeune, mais déjà très bon. 

Châteauneuf du Pape 2023, domaine de la Charbonnière 

 (40% Grenache Blanc. 40% Roussanne. 20% Clairette)

La robe est or clair, brillante.  Le nez est frais, délicatement fumé, sur le citron, le beurre et la vanille. La bouche est élancée, droite, avec une matière mûre et concentrée, vibrante, et un léger perlant La finale est intense et puissante, sur la  crème catalane et la vanille.  J'aime bien la matière, mais l'aromatique est trop boisée à mon goût. 

Châteauneuf du Pape 2023, Elodie Jaume 

( 50% Grenache blanc, 50% Clairette)

La robe est jaune pâle. Le nez est subtil, alliant les notes grillées/ fumées/ confites, et une légère touche beurrée / florale. La bouche allie ampleur et tension,  déployant une matière pure, harmonieuse, délicate, avec une aromatique très sobre. La finale élégante est raccord, sur les fruits blancs frais et les notes salines. Mon préféré des trois !

C'est à ce moment-là que cette assiette nous est servie. Ce qui est intéressant, c'est que les 5 comtés servis ont un âge relativement proche. Ce qui les différencie, c'est leur terroir et la nourriture des vaches (types d'herbes et de fleurs, foin).  Et ils n'ont rien à voir les uns avec les autres. Certains sont plus corsés, d'autres plus doux, ou plus fruités. Comme le souligne Gabriel Lépousez qui est parmi nous, ce sont les taux de tyrosine et d'acide glutamique qui font la grande différence. 

Ca m'embête le constater, et de le dire, mais l'accord entre les trois vins blancs et les différent comtés est assez catastrophique.  Autant j'appréciais ceux-ci avant de passer au fromage, autant ils sont maintenant totalement insignifiants : ils sont devenus mous, sans peps et acidité.  Il faut dire qu'ils n'ont pas la puissance aromatique et la colonne vertébrale d'un vin jaune jurassien. 

Nous passons ensuite aux vins rouges. 

Châteauneuf du Pape Première pierre 2022, domaine Pierre Usseglio

(75% Grenache, 10% Syrah, 5% Mourvèdre, 5% Cinsault, 5% Clairette)

La robe est grenat translucide. Le nez est fin et intense, sur la framboise, la cerise noire,  la pivoine, le cacao et les épices. La bouche est ronde, ample, veloutée,  étirée et tendue par une fine acidité tonique, sur les fruits bien mûrs légèrement patinés. La finale est acidulée, avec une belle mâche gourmande, persistant sur des notes crayeuses et épicées.  C'est très bon, mais je ne suis pas totalement emporté. 

Châteauneuf du Pape 2022, Elodie Jaume 

(100 % Grenache)

La robe est rubis sombre. Le nez est peu causant, sur les  petits fruits rouges, les agrumes et les épices. La bouche est ronde, ample,  très fraîche, tonique  avec un gaz assez marqué  et une astringence présente (un côté brut de décoffrage). La finale brouillonne manquant d'harmonie, avec des tannins saillants accrocheurs.  Une fois le verre bien agité, le vin se présente nettement mieux. Il aurait eu besoin d'un carafage énergique avant le service. 

Châteauneuf du Pape Lucile Avril 2022, domaine Durieu

(80% Grenache, 10% Syrah, 10% Mourvèdre)

La robe est proche. Le nez est sexy, sur la framboise confite, le poivre, l'encens et le bonbon à la violette. La bouche est ronde,  douce, sensuelle, offrant une matière moelleuse d'une grande complexité aromatique. La finale juteuse est plus dense et puissante, mais sacrément savoureuse sur la forêt noire (cerise / cacao). Une très belle découverte !

Châteauneuf du Pape 2020, Jas de Bressy

(80 % Grenache, 15 % Syrah, 5% Mourvèdre)

La robe est grenat évoluée. Le nez est extraverti, sur les fruits très mûrs, le  laurier et le benjoin. La bouche est ronde, opulente, suave, d'un velours profond, sur un fruit épicé et cacaoté. La finale est énergique, avec une matière imposante sur les fruits rouges confits, le  cuir, les épices douces et l'écorce d’orange. Un peu trop puissant pour mon palais de fillette, mais absolument irréprochable. 

Châteauneuf du Pape 2017, Mont Olivet 

70% Grenache - 12% Syrah - 12% Mourvèdre - 6% autres cépages (Cinsault, Counoise, Vaccarèse, Terret noir, Picpoul noir, Muscardin)

La robe est rubis translucide évoluée. Le nez est très fin,  profond,  complexe, sur les fruits rouges confits, la violette et l'ardoise chaude. La bouche est ronde, ample, aérienne, avec une matière finement veloutée,  et un fruit gourmand frais et des notes balsamiques.  La finale est très fraîche, tonique, avec une matière plus ferme mais bien fondue, et un ultime élan des plus exaltants sur des notes résino-balsamiques (réglisse, aceto tradizionale). Coup de coeur !

La soirée s'est poursuivie avec de nombreux questions posées par le public à Gabriel Lépousez. Il a répondu longuement et brillamment. C'est toujours clair et limpide, compréhensible par tous. Cet homme est une perle ... et en plus super sympa. Irremplaçable !

Vous pouvez écouter Claire Perrot ICI. 

Céline Sabon, Elodie Jaume, Didier Scanvion,

Michel Blanc, Claire Perrot et Gabriel Lépousez...

que l'on rermercie chaleureusement !