Comme presque chaque année depuis que je suis dans le Limousin, j'ai été accueilli par la famille de mon ami Olivier C qui est un peu devenue la mienne.  

Nous avons démarré le repas pas des tuiles aux graines diverses, du jambon Bellota et une terrine à l'avocat, saumon et chèvre frais. Tout était bien bon. Il ne restait pas une miette au bout de 30 mn. 

Pour les accompagner, une des bulles préférées d'Olivier (et qui correspond à l'année de naissance de ses parents qui nous accueillent) : le Crémant de Loire 1948 d'Arnaud Lambert. Sa robe est jaune paille. Le nez frais sur le  mousseron,  la fleur de tilleul, la poire et la craie humide. La bouche est vive, étirée par une acidité traçante, et offrant une matière dense,  séveuse, égayée et tonifiée par des fines bulles crépitantes, et soulignée par de nobles amers. La finale gagne encore en concentration, avec des superbes amers qui se renforcent, sur l'écorce de pomelo et des notes salines et crayeuse persistantes.  Un très belle bulle qui n'a rien à envier à un champagne. 

J'étais chargé de préparer l'entrée : j'ai fait un pithiviers aux légumes racines. Il y en a huit, précisément : trois betteraves  (jaune, chioggia, crapaudine), deux navets (boule d'or et marteau), du céleri rave, de la patate douce et de la pomme de terre vitelotte). 

Entre chaque couche, il y avait un mélange de beurre fondu, parmesan, brisures de truffe et de morille.  Il était accompagné par une sauce à base du bouillon des épluchures des légumes, complété par de la crème des morilles et une touche d'agrumes (quelques gouttes d'huile essentielle d'orange et de citron). 

Pour tenir compagnie au Pithiviers, j'ai amené un Coteaux du Loir L'Effraie 2011 du domaine de Bellivière. Sa robe évoque l'or en fusion avec des reflets cuivrés. Le nez est intense, sur la pomme tatin, le coing, le beurre noisette, le miel de châtaignier avant que n'arrivent des notes racinaires (gentiane, radis noir). La bouche enveloppante allie ampleur et tension, avec une matière veloutée pulpeuse presque onctueuse contrebalancée par une grande fraîcheur, sur une aromatique sur les fruits blancs confits et le miel. La finale est tonique, renforcée par des amers intenses sur l'orangette, le quinquina et la gentiane.  Un vin à maturité très surprenant, combinant des notes de sous- et surmaturité. L'accord était très réussi avec le Pithiviers alors que je n'étais pas trop sûr de mon coup au départ. 
 

On a poursuivi avec du magret de canard et une purée pomme de terre / carotte (la sauce a été versée une fois l'assiette servie). 

Olivier sert un Saint-Joseph Un autre monde 2018 du Domaine Barou (à l'aveugle, mais on reconnaît vite le cépage et la région). Sa robe est grenat sombre. Le nez est expressif et complexe, sur  la tapenade, le lard fumé, le poivre et la violette. La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière douce, charnue, au fruit gourmand et épicé. La finale est plus dense, délicieusement accrocheuse, sur l'olive noire et la violette, prolongée par des  notes poivrées et salines.  C'est très bon, et parfaitement à point, tout en pouvant se garder quelques années (mais ce ne sera sûrement pas meilleur). 

Trois fromages : une tomme de brebis affinée, un chèvre moelleux et du Persillé de Saint-Florius (addictif !). Pas d'autre vin ouvert pour l'occasion. 

La tarte au chocolat a été faite par Monique, la mère d'Olivier, selon une recette de Philippe Conticini.  Elle était excellente !

Pour finir, j'ai apporté des panellets catalans à base de pomme de terre vitelotte. Afin de préserver la couleur, je les ai faits cuire à 120 ° durant 30 mn. 

Et puis c'est tout : bonnes fêtes à tous !