Un repas sans chichi
J'avais invité un couple d'amis dimanche dernier. Ils avaient accepté à condition que le repas soit sans chichi et ne dure pas 4 heures, histoire qu'on puisse se balader ensuite dans la campagne environnante. J'ai donc fait simple "à ma manière". C'était l'occasion de répondre à un autre ami qui m'avait demandé comment l'on pouvait faire une recette de tatin de carottes avec le look "William Lamagnère". J'ai donc tenté le coup et l'ai agrémenté avec de la clémentine et du kumquat confit.
Vu que l'ensemble était assez sucré, j'ai fait le choix d'un Riesling vif et relativement sec : Un Kabinett Feinherb Ürziger Würzgarten "vom roten Schiefer" 2020 de Karl Erbes. La robe est jaune pâle, brillante. Le nez est fin, frais, sur l'ananas à peine mûr et le zeste de bergamote, avec une pointe de yaourt aux agrumes. La bouche est vive, tonique, éclatante de fraîcheur, avec l'impression d'avoir une lame de glace qui vous traverse le palais – dans ce côté pur / cristallin. Puis arrive un fin perlant qui vous titille agréablement la langue et libère des senteurs de citronnelle et gingembre. La finale poursuit la dynamique de la bouche tout en concentrant la matière et en la soulignant d'une noble amertume (écorce de citron vert) et un retour de l'ananas à peine mûr, légèrement sucré et végétal.
C'était également l'occasion de tester une recette américaine de Mandy Lee qui consiste à désosser un poulet pour le faire cuire dans une poêle côté peau. Bon, elle laisse tout de même quelques os. Moi, j'ai tout enlevé. Je me suis servir de la carcasse pour un faire un jus que j'ai servi avec.
Et accompagné d'une purée pomme de terre / panais rustique à souhait (repas sans chichi, hein)
J'ai accompagné le plat avec un Morgon Délys 2019 de Daniel Bouland que je n'avais pas encore eu l'occasion de goûter. La robe est grenat sombre translucide. Le nez est fin, mûr, sur la cerise et son noyau, des épices et des notes sanguines / ferreuses. La bouche est ronde, très, ample, soyeuse, avec une matière d'abord très fine et douce, puis gagnant progressivement en densité, devenant plus pulpeuse / juteuse. Mais toujours dans un registre très doux, pas agressif. Aromatiquement, on reste sur la cerise – bien fraîche – avec toujours ce côté yaourté (pas caricatural). La finale est finement mâchue, avec une amertume sur le noyau de cerise et un fruit plus mûr / compoté, et une persistance sur les épices. C'esf déjà très gourmand aujourd'hui, mais devrait être encore meilleur avec quelques années de garde.
Le dessert a été amené par mes amis : c'étaient des tartelettes aux framboises (sic) achetées à la boulangerie locale. Elles ont un peu souffert durant le transport. Je vous épargne la photo ;-)