Un dimanche pluvieux ... et bien arrosé !
Le temps passe vite : le dernier repas (mémorable !) que nous fimes chez Olivier R était en 2015 – alors que j'ai l'impression que c'était beaucoup moins ancien. Depuis, il nous a convié dans plusieurs restaurants pour nous faire découvrir quelques pépites de sa cave. Mais dimanche dernier, c'était retour à la maison. Alors non, il ne s'est pas mis en cuisine. Une amie, ancienne restauratrice, s'en est chargée. Et ma foi, tout était bien bon !
Nous avons démarré avec des sushis et des makis un peu "occidentalisés". Les Japonais n'utiliseraient pas du thon cuit ou juste de l'avocat. Enfin, je suppose. Je ne suis jamais allé sur place.
Nous démarrons forcément par une bulle....
La robe est d'un or intense aux fines bulles éparses. Le nez est bien expressif, sur les fruits blancs rôtis, la crème brûlée, la brioche chaude. La bouche est vive, tendue, mais également très enveloppante, délivrant une matière mûre, concentrée, rafraîchie par des bulles cristallines, crépitantes. L'ensemble est très bien équilibré, réussissant à conjuguer des caractères opposés. La finale est encore plus intense, vineuse, avant de reprendre de l'ampleur et délivrer une mâche crayeuse, sur le pain d'épices et la tarte tatin. J'imagine un vin plutôt ancien, dont la bulle aurait été préservée par le format magnum. En fait, non, c'est jeune, probablement patiné par des vins de réserve. C'est un Champagne Brut réserve de Berèche et Fils.
En entrée, il nous est servi une tartelette aux Saint-Jacques et langoustine, baies roses, et jus au agrumes et safran. Le jus est très intense en goût : il va falloir des vins qui refusent de se laisser écraser.
Deux vins sont en "compétition" : le premier a une robe jaune paille, brillante. Le nez évoque l'ananas frais, la pomme Granny et la craie humide. La bouche est ronde, fraîche, croquante, avec une matière finement charnu, sur les fruits mûrs et épices. Te tout est tonfié par un léger perlant. La finale délivre une mâche gourmande, sur la pomme fraîche, la pêche blanche et les épices. Le vin est bon, bien équilibré, mais semble vivre une vie parallèle au plat. C'est un Muscadet Vera Cruz 2019 de Luneau Papin.
Le second dévoile une robe or intense. Le nez est intense, sur le "pétrole", la mangue, la pêche jaune, les aiguilles de pin. La bouche est élancée mais aussi large, ample, avec une matière moelleuse, mûre, à la fraîcheur pénétrante, sans que l'acidité ne soit trop marquée, hormis la présence d'un fin filet de gaz carbonique. La finale prolonge la dynamique, avec une maturité plus marquée, une intensité grandissante, de la fumée, des épices, de la pêche rôtie. Pour tout le monde, c'est un Riesling alsacien. Perdu, c'est un vin de Vénétie : Orto di Venezia 2010. En faisant une recherche, je m'aperçois que j'ai bu ce vin sur ce même millésime il y a 7 ans chez Miles à Bordeaux.
En tout cas, il n'y a pas match : le second vin se marie nettement mieux au plat.
Nous continuons avec des ris de veau et shiitake poêles, noisettes grillées.
Là encore, deux vins sont servis : le premier a une robe cuivrée, brillante. Le nez est intense, sur le toffee, l'orange confite et le café au lait. La bouche est riche, intense, très enrobante, et en même temps fraîche, percutante, tonique. L'aromatique est confite, caramélisée. La finale est encore plus intense, ultra concentrée, séveuse, avec acidité une transperçante rappelant le Madère, sur le toffee, le café, l'orange amère. Non, ce n'est pas un vin oxydatif, mais ub Bergerac blanc Anthologia 2008 de la Tour des Gendres. Très bel accord avec le ris de veau.
Le deuxième vin présente une robe cuivrée bien trouble. Le nez est bizarre, sur le cidre, et l'encaustique, et une légère impression liégeuse La bouche est ronde, fraîche, pulpeuse, plutôt gourmande, mais je continue à trouver l'aromatique pas nette. La finale est dominée par les amers, et toujours ce mélange de cidre et de liège. Pour moi (et mon voisin), cette bouteille est flinguée. Mais deux autres participants le trouvent superbe et le préfèrent nettemen au premier. Rarement la différence d'appréciaion n'a été aussi grande dans notre groupe. C'est un Pupillin 1988 de Pierre Overnoy.
Puis arrive un omble chevalier et girolles poêlées, chutney pomme et poire.
De nouveau deux bouteilles pour lui tenir compagnie. La première a une robe or clair, brillante. Le nez évoque la pomme beurrée et les, épices. La bouche est très ronde, ample, croquante, finement pulpeuse, et doté d'une grande fraîcheur, . La finale est fraîche, savoureuse, sur la pomme chaude. C'est agréable, mais manque un peu de fond. C'est un Morey Saint Denis 2011 "en la rue de Vergy" 2011 de Bruno Clair.
Le second a une robe proche du précédent. Le nez est plus intense, plus frais, sur l'ananas rôti, la pêche jaune, et un léger cassis végétal qui nous amène vers le sauvignon. La bouche est éclatante de fraîcheur, aérienne, très ample, avec l'impression de croquer dans une groseille à maquereau géante. La finale est gourmande, sur la pomme fraîche, le cassis et les épices. Je préfère nettement ce vin, même si l'on sent qu'il gagnerait encore à vieillir. C'est un Sancerre 2008 du Clos de la Néore.
Un dernier plat salé avec des filets de cailles, purée de pommes de terre et sauce griottine.
Cette fois-ci, on passe à trois vins rouges ! Le premier a une robe grenat légèrement évoluée. Le nez est intense,sur les fruits compotés, le noyau, le tabac, le laurier, et l'âtre de cheminée. La bouche est ample, douce, caressante, avec une matière finement veloutée, d'une grande fraîcheur aromatique. La finale est dans la continuité, sans la moindre dureté, avec un retour sur le noyau, le tabac et le laurier. C'est un Cornas Chante-Perdrix 1985 de Delas. Je ne lui aurais jamais donné 36 ans !
Le second a une robe proche, un peu plus translucide. Le nez est plus frais, sur la cerise confite, le noyau et le pain d'épices. La bouche est plus élancée, plus fraîche et souple, avec une matière soyeuse, digeste, au fruit gourmand. La finale encore plus gourmande et fraîche, sur les fruits compotés et les épices. Un vin absolument délicieux ! C'est un Musigny Grand Cru 1985 de Jacques Prieur.
Le troisième vin a une robe grenat sombre. Le nez est plus sauvage, plus vif, sur la baie de genièvre, le poivre timut, le cassis et la cendre. La bouche est élancée, séveuse, balsamique, avec une énorme fraîcheur et une étonnante suavité. La finale est raccord, encore plus concentrée, très épicée, avec une persistance quasi interminable sur le cigare et l'âtre de cheminée. Le vin du jour, pour moi. J'a-dore ! Une fois l'étiquette découverte, je comprends mieux pour quoi : c'est un Léoville Las Cases 1978 (Saint-Julien).
Le plateau de fromage est 100 % persillé !
Il n'y a qu'un seul vin (quel radin, cet Olivier !). Sa robe est cuivrée, brillante. Le nez est riche, foisonnant, sur les abricots secs, le safran, les raisins secs, et l'orangette. La bouche est longiligne, suave, avec une matière sensuelle, onctueuse, d'une fraîcheur enthousiasmante. La finale est encore plus fraîche, très safranée, sur les abricots et les épices. De la magie liquide ! C'est un Montlouis Romulus 1990 de la Taille aux Loups.
Le gâteau abricot / amande était plutôt discret aromatiquement et pas trop riche.
Ce qui a permis au dernier vin de s'exprimer.
Sa robe est acajou. Le nez intense, sur la figue, le safran, la truffe, et l'encaustique. La bouche est d'une fraîcheur irrésistible, élancée, sensuelle, d'une rare intensité aromatique. La finale est encore plus concentrée, plus suave, sur l'abricot sec, la figue et le safran. Grand vin ! C'est un Sauternes "Crème de tête" 1961 du Château Gilette.
Merci à Olivier pour l'accueil et les très bons vins !
(et bravo à la cuisinière)