À la découverte des spiritueux japonais
Depuis quelques jours, j'ai vu des sujets fleurir autour du shochu japonais, alors que je n'en avais jamais entendu jusqu'à présent. C'est pourtant l'alcool le plus bu du pays après la bière. Il faut dire – ma petite dégustation en témoigne – que ses 25 % d'alcool passent tout seul : c'est beaucoup plus facile à boire que les whiskies ou les gin, tout en se conservant beaucoup mieux que le saké.
À l"origine de ce "buzz", probablement cette masterclass d'Alexandre Vingtier.
Le shochu recouvre des alcools très différents puisqu'il peut être à la base de riz, de sarrasin, de patate douce, d'orge, algues, courge, châtaignes d'eau... Il peut être embouteillé jeune, mais peut aussi vieillir longuement. Il peut alors devenir brun.
Après avoir lu cet article , j'ai atterri sur ce site car je suis un fondu de sarrasin. J'en ai profité pour prendre aussi un shochu à base de patate douce. Comme j'aime encore plus le yuzu que le sarrasin, j'ai pris un spiritueux à base de cet agrume. Au point où j'en étais, j'ai craqué pour un gin à base de baies de genièvre, racines d'Orris, écorce de Hinoki (cyprès Japonais), Kinome, Yuzu, Citron, Gingembre, thé vert (Gyokuro), feuilles de Shiso rouge et de Bambou, poivre de Sansho.
Towari soba shochu (25 % Alc. Vol.)
La robe fait penser à de l'eau ;: incolore, cristalline.
Le nez, pas du tout : ça sent le sarrasin grillé, la crème de marron, et puis une touche d'écorce d'agrume séché (citron noir iranien).
La bouche est ronde, ample, très fraîche, avec une matière fine, délicate, presque cristalline, qui se dépose en douceur sur toutes les parois du palais.
La finale est nette, savoureuse, avec toujours autant de fraîcheur pour peu qu'on ne le garde pas trop longtemps en bouche, avec de délicates saveurs de kasha et de marron glacé. Très bien !
Ikkomon aka shochu (25 % Alc. Vol.)
La robe esr identique.
Le nez est fin, profond, sur les fruits jaunes confits, la framboise fraîche, l'acacia en fleur...
La bouche est plus ronde, plus enveloppante que le précédente, avec une fraîcheur plus diffuse que cristalline, mais toujours beaucoup de délicatesse, autant en parfums qu'en texture. L'aromatique évoque la châtaigne subtilement fumée au bois de cerisier, la purée de patate douce, le miel de sarrasin...
La finale prolonge la bouche sans la moindre rupture, accentuant juste l'aromatique, avec une persistance sur le chocolat au lait, la fumée, le pain d'épices...
Gin Ki No Bi (45.7 % Alc. Vol.)
La robe est identique.
Le nez est magnifique, à la sois intense et ultra-délicat : yuzu, verveine, cèdre, genièvre...
La bouche est ronde, moelleuse, charnue, avec une belle fraîcheur pour peu qu'on surveille la témpérature, car on sent tout de même les 20 % de plus... On reste dans une grande délicatesse aromatique (la même qu'au nez). On est plus dans une aquarelle de Turner que dans une toile de Pollock.
La finale est plus pêchue est concentrée que la bouche, avec une texture qui gagne encore en moelleux, et une aromatique dominée par le frais yuzu, accompagné par un subtil genièvre. Y a du niveau !
Niguri Yuzushu ('12.5 % Alc. Vol.)
La robe est jaune citron, trouble de chez trouble.
Le nez est intense, sur le yuzu frais (jus et zeste).
La bouche est ronde, pulpeuse, gourmande, absolument irrésistible, avec un sucre et un alcool totalement équilibrés avec l'acidité et l'amertume du fruit. On pourrait se boire toute la bouteille si on n'y prenait garde.
La finale est dominée par les nobles amers du yuzu, son acidité, aussi, puis arrive l'astringence profonde de l'écorce qu'on a l'impression de mâchonner, Là encore, sucre et alcool semblent quasiment inexistant. Vous êtes habité par l'esprit du Yuzu.