Alexandre... de Bruxelles
Tout le monde connaît Alexandre de Paris, coiffeur des stars et des reines. Beaucoup moins Alexandre de Bruxelles qui régale les gourmets de la capitale européenne (eh non, ce n'est pas le frère de Léon, pas plus que le cousin deJeff de Bruges). Alexandre est un restaurant créé en 2010 par la sommelière Anca Petrescu et le chef Alexandre Dionisio. Il a rapidement obtenu 1* au Michelin. En 2013, Alexandre a quitté le restaurant pour un projet plus ambitieux, La villa in the sky (2* Michelin aujourd'hui). Mais son prénom est resté, ainsi qu'Anca. Elle a alors embauché Isabelle Arpin qui a obtenu à son tour 1* .... et s'en est allé pour créer un restaurant à son nom. Depuis l'automne 2018, c'est le chef norvégien Robin Leypoldt qui officie. Croisons les doigts pour qu'il obtienne à son tour l 'étoile ... et qu'il reste !
Aujourd'hui, j'ai retrouvé ma bande belge favorite : Françoise et Henri (ci-dessus) ainsi qu'Isabelle et Mary. Mais Laurent avec qui je suis allé à Bozar la veille est toujours là. J'aime quand mes différents univers s'intercroisent. Surtout qu'en général, ça se passe bien :-)
Le repas démarre avec des vraies et fausses tomates. Non, il n'y a pas de piège. Celles qui ressemblent à des vraies ne sont pas factices. Et les autres sont des "sphérifications" de jus de de tomate condimenté. Il est donc conseillé de les manger en une fois, histoire de ne pas tâcher la belle nappe blanche et ses habits du dimanche. Le pesto qui accompagne les tomates est excellent (le basilic à l'état pur).
Nous poursuivons avec deux autres mises en bouche : des cornets à la carotte (extras!) et une bisque de crustacés servie dans des bulots. Fallait y penser ! Elle est très bonne. Par contre, l'herbe qui est mise en déco est un peu trop dure sous la dent. Faudrait en trouver une plus sympa.
L'entrée met à l'honneur les asperges et les morilles. Ce n'est pas souvent que l'on a l'occasion de manger ces champignons à l'état frais. Eh bien, c'est 100 fois meilleur que les sèches, même si le goût est moins intense – mais plus subtil. Les asperges sont très bien cuites. Et il y a un délicieux condiment au café placé ici et là dans l'assiette qui permet de faire la liaison entre les deux. Le seul reproche que je puisse faire, c'est les feuilles de moutarde noire un peu trop présentes. Certes, c'est graphique, comme on dit, mais leur goût "moutardé" colle moyen avec le plat, et leur texture "dure" n'est pas très agréable. Elles ont leur rôle dans un mesclun, mais là, elles n'ont rien d'indispensable.
Pour l'apéro et l'entrée, j'avais choisi un Cheverny Les sables 2015 de Philippe Tessier. Au départ, il a été servi un peu chaud, mais ça a été vite corrigé. Le nez est déjà évolué et complexe, sur les fruits secs, le miel et une touche terpénique. La bouche allie rondeur et tension, avec une matière plus opulente que d'ordinaire (mais bien équilibrée). Il allait très bien avec le plat (particulièrement les morilles et le condiment café)
Nous avons poursuivi avec un filet mignon d'agneau cuit à basse température accompagné de légumes racines (carottes, betterave)...
mais aussi d'une purée de pommes de terre aux épices (Ras el Hanout ?)
La viande est bien tendre, les légumes sont cuits comme j'aime, à savoir encore un peu croquants, le jus d'agneau est très parfumé (et pas trop salé)., et la purée délicieuse. Un bel ensemble, donc.
D'autant plus que j'ai déniché la perle rare : Campagnès 2015 de Maxime Magnon. La robe est claire pour un Languedoc. Le nez est superbe, sur des notes de fleurs et d'encens. La bouche est ample, soyeuse, aérienne, avec un fruit pur, intense et une grande fraîcheur. Rarement j'ai eu autant de finesse dans un vin de cette région. Avec l'agneau, c'était juste parfait !
Lorsque j'apprends qu'il y a de la violette dans le dessert, j'ai un peu peur, car je la préfère dans la Côte Rôtie.Il y a aussi de la rhubarbe et du basilic (et de la fraise,je pense). Tout cela peut paraître super bizarre... et pourtant, ça fonctionne magnifiquement, sans que je comprenne vraiment comment. Quel que soit l'élément que vous combiniez avec un autre, ça fonctionne du tonnerre de dieu, donnant lieu à une fulgurance gustative. C'est un vrai feu d'artifice culinaire, avec des nuances toutes en pastel, à l'image de la présentation. C'est l'un des meilleurs desserts mangés dans un restaurant, avec les fraises aux olives noires de Gilles Goujon et l'aubergine cristalisée et sorbet au basilic de Thierry Marx. Un homme capable de pondre un tel dessert ira loin (une femme aussi, hein).
Les madeleines aux agrumes, tièdes et croustillantes Superbe !
Truffes au chocolat
Éclairs (euh.. je ne me souviens plus trop à quoi., mais c'était bon !)
Un beau moment de gastronomie, et un accueil chaleureux d'Anca Petrescu. Il faudra que je repasse d'ici 2-3 ans lorsque le chef aura son étoile, en espérant que les prix n'auront pas flambé.
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164, rue du Midi, 1000, Bruxelles
Téléphone +32 2 502 40 55 Mail : restaurantalexandre@icloud.com
Mercredi à vendredi : Midi (12h - 13h15)
Mardi à samedi : Soir (19h30 - 21h30)