Vacances J8 (1) : en Grésivaudan avec Thomas Finot
Nous sommes à Bernin, une quinzaine de kilomètres au nord-est de Grenoble, en plein dans la "silcone valley française" : il y a en effet dans le secteur une grande concentration d'entreprise d'informatique et de nano-technologies. En prenant la sortie d'autoroute, je me demande où il peut y avoir des vignes et un chai dans cette débauche de bâtiments modernes entourés d'immenses parkings. On débouche alors dans une petite, et là, un petit hangar qui ne paie pas de mine, avec divers outils viticoles déposés tout autour : me voilà au domaine Finot !
Ceux pour qui un domaine viticole, c'est une jolie maison entourée de vignes vont être déçus. Il n'y a ni l'une ni les autres. Cela s'explique par l'histoire du domaine. Fils de vignerons en Crozes-Hermitage, Thomas Finot s'est installé dans la région en 2007. Partant de rien, il a acheté, loué (ou défriché) des parcelles au fil du temps, distantes les unes des autres. Il en est aujourd'hui à 7 hectares. Cet entrepôt est son troisième local en 13 ans. Et bientôt, il devrait s'établir pour beaucoup pour plus longtemps dans l'ancienne cave coopérative de Bernin.
Il aura beaucoup plus de place pour son cuvier et ses barriques, mais pourra aussi y loger toute sa petite famille. Étant donné l'économie florissante du secteur, les prix des appartements n'ont pas grand chose à envier aux grandes métropoles. Cela pose d'ailleurs aussi un problème sur le prix des terres agricoles, certains rêvant de les vendre comme terrains à bâtir.
Mais retournons à notre hangar : soulignons tout de même qu'il est bien climatisé : on s'en rend surtout compte lorsqu'on met le nez dehors (38 °C ce jour-là). J'ai goûté les vins en cours d'élevage : si j'ai adoré le Persan, il a une sévère concurrente en la personne de l'Etraire de la Dhuy. Le seul souci, c'est qu'il y en a très très peu de disponible. Vivement que Thomas en replante trois hectares !
Voici ce qu'en dit son oenologue, poête à ses heures ;-)
Nous dégustons ensuite toute la production déjà mise en bouteille, régulièrement interrompus par des clients, qu'ils soient de passage ou locaux fidèles. C'était impressionnant, tous ces gens qui défilent un jour de semaine d'août.
Nous commençons par les blancs...
Tracteur blanc 2019 (80 % Jacquères, 10 % Chardonnay, 5 % Verdesse, 5 % Altesse) : nez expressif sur les fruits blancs rôtis au beurre. Bouche ronde et fraîche, aérienne, tendue, avec un bel équilibre. Finale savoureuse. Ça démarre bien !
Chardonnay 2019 : nez sur la poire et le tilleul, avec une touche fumée. Bouche ample et élancée, toute en finesse, avec une juste tension. D'une grande digestibilité, à mille lieues du millésime précédent.
Galopine 2019 (Viognier) : le nez est étonnamment discret. La bouche est fine, élégante, aérienne. Parfait pour ceux qui détestent le viognier d'ordinaire.
Verdesse 2019 : nez expressif sur le coing et la mirabelle. La bouche est longiligne, tendue par une fine acidité traçante, tout en possédant une matière ronde et mûre. La finale est tonique, intense, avec de beaux amers et une fraîcheur ébouriffante.
Altesse 2019 : nez mûr, complexe, envoûtant, sur les fruits blancs rôtis, le miel, les fruits secs... La bouche est très ample, enrobante, avec une texture à la fois moelleuse et aérienne, tout en ayant une belle tension. La finale est savoureuse et intense, sur le miel et les épices. Un vin superbe.
Verdesse Vendange d'automne 2018 : le nez est encore plus confit tout en affichant de la fraîcheur. La bouche est tendue comme un arc, avec une acidité vive, traçante, et une matière concentrée, séveuse. La finale monte encore d'un cran dans l'intensité, et explose de fraîcheur. Magnifique !
Macération cugnète 2018 (vin orange de jacquère)
1) ouverte depuis quelques jours : le nez est très complexe, sur les fruits jaunes rôtis et des notes résineuses et épicées. La bouche est ronde, ample, veloute, avec une matière charnue, moelleuse et gourmande. Un grand miam
2) ouverte à l'instant : nez plus frais, sur l'abricot et une touche végétale. Bouche plus ample, plus douce et élégante, très charmeuse. Finale savoureuse, intense. Excellent !
On passe aux rouges...
Tracteur rouge 2019 (30 % gamay, 30 % pinot noir, 10 % merlot) : le nez est fruité et très gourmand. La bouche est ronde et fraîche, avec une belle tension et une matière pulpeuse. Finale tonique jubilatoire. Addictif !
Cabernet-Sauvignon 2017 : nez sur un fruit frais, avec une touche de cèdre et de résine. La bouche est fine, très tendue – mais sans dureté ni raideur – avec une matière très aérienne. Finale encore plus fraîche sur le cèdre et le menthol. Cette cuvée ne s'est jamais aussi bien bue.
Persan Finot 2018 : nez très frais, profond, tout en affichant des notes de cerise confite. Bouche longiligne, étirée par une superbe acididité, avec une matière très fine. La finale fraîche et élégante confine au sublime. Scotché, j'étais, en buvant ce vin !
Après cet apéro grand format, nous sommes partis manger à la "cantine" de Thomas : le Garage à Montbonnot-Saint-Martin
Cet ancien garage a été transformé en restaurant ...
.... par un jeune chef, Florian Campanale
Toilettes ;-)
Crème aux champignons, oeuf parfait
Veau de Galice maturé
Trois accompagnements :pureé de carottes, patates douces, salade de butternut
Ca donne ça dans l'assiette. C'était très bon !
Nostalgie...
Nous sommes allés voir ensuite difféfrentes parcelles de vignes.
On oublie assez vite la civilisation située à deux pas.
Tout au fond, le Mont-Blanc....
Merci pour ce moment, Thomas !