Une journée en Saar-Mosel-Ruwer (2) : Van Volxem
La deuxième étape se trouve à une vingtaine de kilomètres au sud, au bord de la Saar, à Wiltingen. Le domaine Van Volxem, a été bâti sur les ruines d’une villa romaine qui cultivait déjà la vigne sur les coteaux de la Saar. Au XIème siècle, les moines ont restauré le vignoble. Les Jésuites prirent la suite au XVIème siècle. Le domaine devint un monastère viticole. Il fut sécularisé lors de la révolution française et vendu à un brasseur bruxellois, Gustav Van Volxem.
Celui-ci développa le domaine et le fit connaître dans le monde entier. Jusqu'en 2000, il est resté dans la même famille qui l'a laissé périclité. Il fut alors cédé à Roman Niewodniczanski, arrière-petit-fils de Johann Peter Wallenborn, fondateur de la brasserie Bitburger. Alors que ses grands frères siègent au conseil d'administration de la brasserie, il a toujours voulu travailler dans le vin depuis son plus jeune âge. Son rêve est devenu réalité. Au départ, seule sa mère l'a soutenu dans son projet. Mais maintenant que Van Volxem est devenu l'un des domaines les plus réputés d'Allemagne, toute sa famille est derrière lui. À son arrivée, le domaine n'avait plus que 12 ha de vignes (dont certaines de120 ans). Il est passé à 70 ha suite à de nombreux achats, particulièrement de grands crus, dont le fameux Scharzhofberger.
Il y a 35 salariés permanents, venant principalement de Pologne, secondés par une centaine d'employés temporaires au moment des vendanges. Depuis 2004, l'œnologue Dominique Völk est le directeur technique du domaine. Il est pour beaucoup dans la qualité croissante des vins du domaine.
Schistes...
Jusqu'à maintenant, les locaux de Van Volxem se trouvaient au centre-ville de Wiltingen. Ils seront au coeur des vignes à partir de juillet 2019. Les travaux ont duré deux ans de plus que prévu, mais cela en valait la peine. Il y aura un meilleur confort de travail pour les employés, et les visiteurs seront choyés
Boutique, salle de dégustation avec une grande baie vitrée avec une vue imprenable sur les vignes et la vallée de la Saar, mais aussi cours de cuisine pour apprendre à faire de beaux accords mets et vins.
Le cuvier est déjà en place au sous-sol.
Comme chez Maximin Grünhaus, le chêne qui a servi à fabriquer les foudres provient de forêts locales – situées sur les terres familiale de Eifel. En 2010, Roman Niewodniczanski et le célèbre tonnelier autrichien Franz Stockinger ont méticuleusement sélectionné 50 chênes de 300 ans et les ont amenés à Waidhofen, où ils ont été sciés, puis séchés durant huit ans. Ils ont alors pu servir à fabriquer une trentaine de foudres qui sont arrivés au nouveau chai à la fin du printemps 2018.
Le domaine revendique sur son site et dans sa communication de produire des "vins nature". Je ne pense pas que le terme ait le même sens en Allemagne qu'en France. Du fait qu'il s'y produit beaucoup de vins contenant des sucres résiduels – même dans les dits "trocken" – il est difficile de faire l'impasse sur le soufre. Par contre, il semble n'y avoir aucun autre intrant, pas plus que de collage ou de filtration.
Nous démarrons une longue dégustation avec les très bon verres signés René Gabriel. Mes notes sont assez succinctes, mais là, je ne les ai pas perdues ;-)
Schiefer Riesling 2018 : fin, élégant, belle tension, et plutôt classe pour le "petit vin" du domaine (9.90 €).
Saar Riesling :2018 : plus brut et moins tendu. Un peu en dedans. À attendre.
Alte Reben Riesling 2018 : nez fumé. Bouche plus pure, très longiligne. C'est très bon !
Schiefer Riesling 2015 : nez superbe. Bouche dans le même registre que le précédent mais en plus expressive. Excellent (et à 9.90 € comme le 2018 !)
Saar Riesling 2015 : nez plus discret. Bouche plus intense, mais moins élégante. J'aime moins.
Weissburgunder 2018: rond, cristallin, très élégant, assez bluffant pour un pinot blanc. Au-dessus du Grünhaus.
Windvogt Weissburgunder 2016 : nez superbe, très fin. Bouche d'une délicatesse et d'une précision hors-norme, tout en étant tendue par un fil invisible. Ce magifique pinot blanc renvoie pas mal de chardonnays aux vestiaires (bon, pas donné : 26.90 € … mais ça les vaut !).
Goldberg Riesling GG 2018 : nez très fin. Bouche ample, longue, aérienne. Une caresse en bouche. TB
Volz Riesling GG 2018 : nez plus intense et frais. Bouche plus énergique et traçante, plus profonde aussi. TB+
Riesling VV Feinherb 2018 : nez délicat. Bouche pure et fruitée, très gourmande. Une gourmandise.
Rotschiefer Riesling Kabinett 2016 : bouche ronde, fine, élégante, avec un sucre quasi invisible alors qu'il doit y en avoir plusieurs dizaines de grammes. Plus en finesse que le 2010 bu chez l'ami Laurent quelques jours avant. Excellent.
Ritterpfad Riesling Kabinett GL 2016 : vin plus pierreux, minéral. Superbe tension, classe évidente. J'aime beaucoup (14.90 €...sérieux ?!)
Bockstein Riesling Spätlese GL 2018 : nez fumé classieux. Bouche longue, intense, traçante, d'une grande intensité aromatique.Excellent !
Bockstein Riesling Spätlese GL 2016 Gold Kapsel : nez plus mûr. Bouche plus moelleuse, tout en étant très fraîche. Excellent +.
Puis nous passons aux deux bulles…
Pinot Chardonnay Sekt : nez complexe. Bouche intense et vineuse avec des bulles très fines. TB
1900 Brut Riesling Sekt 2011: nez superbe.Bouche ample, fine et mûre, élégante, avec des bulles crémeuses. Très belle finale. Superbe !
Ce qui est bluffant chez ce producteur, c'est la précision et la délicatesse qui n'excluent pas l'intensité, même sur les entrées degamme. Nous n'avons pas pu goûter les grandes cuvées du domaine, mais j'ose imaginer qu'on est sur du très haut niveau. Faudra peut-être que je me laisse tenter, car on reste sur des prix plutôt raisonnables par rapport à des bouteilles françaises de haut niveau (48 € sur le Scharzhofberger GG).
Merci pour l'excellent accueil ! Nous reviendrons :-)