Un repas de Noël simple, mais délicieux
Pour la troisième année, j'ai fêté Noël avec la famille de mon ami Olivier C. J'étais juste chargé d'amener une entrée et le vin qui allait avec. Pour le reste, je pouvais rester les pieds sous la table, ce qui est ma foi très agréable. Nous avons démarré avec des gougères préparées par Monique, la mère d'Olivier. Impeccables.
Et toujours by Monique, une petite verrine de saumon à l'avocat surmontée d'un fromage de chèvre dense et goûteux (alors qu'au visuel, je m'attendais à une "chantilly" salée). Très bon aussi.
Pour les accompagner, Olivier a servi un Vouvray Brut non dosé 2015 de François Pinon. Sa robe dorée et son nez complexe, sur le coing, la pomme chaude et même un peu de truffe, montre qu'il commence à être point. Cela se vérfie en bouche avec ses bulles d'une grande finesse, et des notes délicatement tertiaires (miel, truffe). Cela dit, le vin présente encore une bonne vigueur et une sacrée fraîcheur, renforcé par l'absence de dosage. Je serais curieux de le regoûter dans quelques années.
Nous passons à l'entrée que j'ai préparée : des rouleaux de printemps garnis de saint-jacques crues marinées au gingembre, de crevettes cuites en basse-temp' avec des feuilles de combava et les tiges de coriandre, de mangue fraîche, de fins batonnets betteraves jaunes aux agrumes, d'une julienne de citron confit, de petites billes de citron caviar et de vemicelles de riz. Et puis de feuilles de coriandre que l'on voit à travers la galette. La sauce est composé de jus de clémentine très réduit et de jus de fruit de la passion qui ne l'est pas, et d'un soupçon de pâte de yuzu (parce que ça change tout, évidemment). Pour tout dire, elle a été légèrement épaissie à la gomme de Tara pour gagner en onctuosité.
C'était un premier essai, et j'en suis super content (et les convives ont adoré). Je pense que je le referai pour d'autres occasions (comme mon anniversaire belge, par ex. )
L'accord avec le Riesling Halbtrocken Brauneberger Juffer 2018 de Fritz Haag était d'une évidence totale grâce à son aromatique très exotique – fruit de la passion, citron vert, mangue – sa fraîcheur cristalline et sa tension diabolique qui vous laisse coi. Et en même temps, un toucher de bouche d'une grande délicatesse, très caressant. Et dur de croire que ce vin contient une quinzaine de grammes de sucres résiduels : ça finit sec de chez sec sur le fruit de la passion et l'ananas frais (on va se dire que s'il n'y en avait pas, le vin serait plus "raide" à boire).
Nous poursuivons avec un pigeon en trois cuissons dont la recette provient d'un blog qui fonctionna pas mal dans les années 2000. Bon, là, vous n'en voyez que deux, et c'est normal : la "partie carcasse" a eu un petit accident de parcours... En tout cas, les deux restantes était TOP, avec un filet d'une tendreté exceptionnel et une peau bien dorée, et une cuisse confite et croustillante. Sans parler de la purée faite avec les pommes de terre du père d'Olivier et le jus de cuisson rescapé de l'accident. On se régale !
D'autant plus que le Margaux 1996 du Château Bel Air Marquis d'Aligre (BAMA pour les intimes) se goûte magnifiquement bien. Si je l'avais bu à l'aveugle, je ne suis pas certain que je l'aurais placé à Bordeaux, car il y n'y a pas les habituelles notes médocaines de cigare, de cèdre et de cassis. On est plus sur une version décadente de la framboise et de la cerise, complétée par le sous-bois, l'odeur de vieux chai, une touche d'épices et même d'encens. Ce qui donne au final l'impression d'avoir le nez au-dessus d'un flacon de parfum. La bouche est tendue par une acidité arachnénne, et déploie une matière très fine évoquant la soie sauvage, avec une framboise bien présente, complétée par une palette automnale. La finale reste dans la finesse, réussissant ainsi à ne pas rompre le charme. L'un des plus beaux BAMA que j'ai pu boire !
Le plateau de fromages s'est avéré exceptionnel. Ils proviennent tous d'une nouvelle fromagerie située à Limoges, le Bois d'Amalthée. Chose rare : ce sont en fait un producteur du Lot qui propose sa production et la complète par des fromages qu'ils apprécient. Mon coup de coeur est le chèvre de droite parfumé aux herbes (leur production) d'une grande délicatesse de texture, et un goût fabuleux. Mais leur brebis affiné des Pyrénées était également fantastique. Du coup, je n'ai pas du tout été raisonnable ;-)
Pour leur tenir compagnie, Olivier a ouvert un Cour-Cheverny Les Sables 2014 du domaine Tessier. Il dévoile une robe d'un or intense. Le nez est tout aussi intense sur la fleur de tilleul, le miel d'acacia, la pomme tapée, et une pointe d'encaustique. La bouche allie la fraîcheur vive typique du millésime à la rondeur mûre propre au cépage, formant un ensemble généreux, mais bien équilibré. Le vin réussit à s'accorder avec les différents fromages sans jamais se faire dominer.
Nous finissons le repas avec un "baba" aux agrumes, et une crème chantilly à la citronnelle. C'est très frais, pas trop sucré. Parfait pour finir le repas en toute légèreté. Merci Monique ! Et non, il n'y avait pas de vin pour l'accompagner. On avait bien assez bu comme ça...
Avec le café, nous avons goûté mes dernières créations chocolatées au sésame noir et à la pistache salée. Puis chacun a regagné ses pénates. des petites lumières dans les yeux...