Fitou, terre d'accueil (1) : où je découvre le haggis, mais pas que...
En juillet 2010, j'avais rencontré à Fitou Laurent Maynadier, un vigneron qui brûle de toujours faire mieux connaître son appellation, ses terres et ses hommes. Depuis cette belle rencontre, il tenait à ce que je revienne pour que je puisse découvrir Fitou plus en détail. Lorsque j'habitais à Fécamp, cela me semblait l'autre bout de la terre, et j'avais du mal à l'envisager. Avec mon déménagement à Limoges, déjà plus proche, cela devenait plus réalisable. Et puis, il se trouve que je devais me rendre pour le travail à Montpellier. Pourquoi pas en profiter pour faire une incursion à Fitou ?
Je le propose donc à Laurent de venir le samedi précédant Millésime Bio. Il confie alors à Stéphane Cros, coordinateur du syndicat des vigneron, la tâche de me faire visiter, déguster et rencontrer un maximum de personnes. Peu de dire que la mission a été bien remplie, car ce fut trèèèès intense.
Le vendredi soir, une heure après mon arrivée, je suis convié un un repas situé dans un petit restaurant de Fitou, le toit vert. La propriétaire des lieux étant d'origine écossaise, il est organisé une fois par an un repas écossais… et ça tombe ce soir-là. Pas forcément l'idéal pour accompagner les vins locaux, mais finalement, ça n'a pas trop juré...
Marie-Françoise Abélanet, Laurent Maynadier, Stéphane Cros, Pierre Abélanet, Olivier Lebaron
Sept vignerons ont été invités à ce repas, plus un autre blogueur que j'ai retrouvé avec plaisir : Olivier Lebaron de Showviniste. Nous allons déguster une partie de la production de chacun, ce qui permet de discuter avec eux des terroirs, de l'encépagement, des choix de vinif, etc...
On démarre par les blancs secs
Muscat sec 2011, Mas des Caprices (bio) : nez fin et frais, entre notes muscatées et schisteuses. Bouche fine, tendue, aérienne, avec une finale marquée par des notes fumées.
Constellation 2011, Mamaruta (bio): nez délicat, entre notes florales, beurrées et grillées. Bouche ronde, fraîche, gourmande, avec un côté très désaltérant. On en boirait des seaux ! Légère mâche en finale qui accentue encore son envie d'y retourner.
Corbières blanc 2012, Champ des soeurs (pris sur cuve) : nez fin, entre fleurs et agrumes, un peu de fumée. Bouche ample, avec une belle tension qui étire le vin. Finale nette, minérale. Ensemble pur et équilibré, peut-être un peu moins typé que les vins précédents.
BtoB 2011, Mas des Caprices (grenaches sur schistes vinifiés et élevés en barriques) : nez finement boisé, poire, fumée. Bouche à la fois grasse et vive, avec une superbe énergie et un côté éclatant. J'aime vraiment beaucoup !
Cette série de blancs était vraiment réussie : on est très loin des clichés sur les vins du sud lourdauds. Nous les avons bus d'abord avec un fish and chips
Puis avec une délicieuse soupe au haddock
Nous passons ensuite aux vins rouges, qui seront accompagnés par la fameuse panse de brebis farcie, le haggis.
Je m'attendais à un truc super bizarre, à la limite du mangeable. En fait, rien de choquant. Plutôt bon, même s'il n'y vraiment pas de quoi s'en relever la nuit...
Les fenals 2010 : nez aux fruits expressifs, bien épicés. Bouche ronde, fruitée, avec beaucoup de gourmandise. Très agréable, même si un peu court.
Les fenals "agathe" 2010 : nez plus mûr, plus concentré. Bouche plus charnue, bien fraîche, avec un fruit généreux. Finale mâchue.
Retour aux sources 2011, Mas des Caprices : nez bien typé, avec des notes ferreuses/fumées/schistes. Bouche ample, mûre, associant une matière veloutée, charnelle à une belle droiture. C'est vraiment délicieux !
Cuvée Vieilles Vignes 2010, Château Abélanet : nez intense, sur des fruits bien mûrs et des notes finement boisées/épicées. Bouche élégante, à la matière presque onctueuse, fraîche. Ensemble parfaitement équilibré, très bien fait, manquant peut-être de typicité.
Cuvée Chautrus 2010, domaine du Capitat : nez sur les fruits noirs confits bien épicés. Joli toucher de bouche soyeux, bien équilibré. C'est bon !
Cuvée Tina 2011, Champ des Soeurs : nez sur le noyau, les fruits noirs, la violette. Bouche à la fois riche, dense et tendue, avec une fraîcheur vivifiante provenant en partie de l'utilisation des rafles. Finale persistante jouant avec tact sur le duo acidité/amertume.
Cacahuète 2010, Mamaruta : nez mûr, sur des notes "sombres" (encre, graphite...) et fumées. Bouche ronde, mûre, veloutée, tonifiée par un léger gaz (qui disparait à l'aération). Finale mâchue parfumée aux herbes locales : thym, romarin, genièvre...
"Cap 42" 2009, cave de Leucate : nez fruité, avec des notes de "crasses de fer" et de noyau. Bouche douce, souple, bien équilibrée. Finale légèrement fumée, avec une amertume un peu trop présente.
Bilan des vins rouges : plutôt des vins fins, digestes, jamais surmûrs ou surextraits. Loin de l'image des Fitous virils qui ont existé de l'aveu même de ma voisine, Marie-Françoise Abélanet : il fallait attendre au moins 5 ans avant de les boire.
Les fromages ... et les sablés étaient aussi écossais
Petit tour en cuisine où le chef finalise le dessert...
le Christmas pudding version individuelle
... et flambé au whisky écossais (du Famous Grouse pour être précis)
Nous finissons avec les "douceurs" des vignerons.
D'où ? (grenache blanc en surmaturité, non muté) : nez sur des notes confites, légèrement fumées. Bouche peu sucrée, avec un côté sec, un peu abrupt. J'ai pas trop compris le concept...
Grenat 2011, domaine du Capitat : nez sur la cerise noire et le cacao. Bouche ronde, pulpeuse, veloutée, avec une faible sensation de sucre.
Grenat 2011, Mas des Caprices : nez moins intenses que le précédent. Bouche plus subtile, délicate. Durcissement en finale.