Liège, ça t'en bouche un coin !
Liège n'est pas une ville comme les autres. Elle fut durant des siècles une principauté rattachée au Saint-Empire germanique. Puis fut libéré des Princes-Evêques par les troupes révolutionnaires françaises une première fois en 1792 puis en 1795.
L'ancien palais du Prince-Evêque devenu le Palais de Justice, en partie désaffecté aujourd'hui
Elle devient chef-lieu d'un département français : l'Ourthe. En 1815, exit Napoléon. Bonjour les Hollandais. Il y restèrent 15 ans, le temps de créer l'Université de Liège et l'Opéra royal de Wallonie. En 1830, la révolution belge éclate (suite à la révolution de juillet en France). L'un des ses meneurs, Charles Rogier est Liégeois. Il participe au premier gouvernement provisoire qui déclare l'indépendance de la Belgique. Un an plus tard, un roi allemand est mis à la tête du pays, mais on en reparlera lorsqu'on visitera le palais royal de Bruxelles...
Etant la grande ville la plus proche de la frontière allemande, Liège se fera remarquer par sa résistance lors des deux guerres mondiales. A la suite de la première, le monument interallié est édifié . Avec en bonus l'église du Sacré-Coeur, sorte de copie du Sacré-Coeur de Montmartre. Désacralisée en 2010, totalement à l'abandon, elle est à vendre. Qui n'en veut ?
Des oeuvres d'art contemporaines de différents pays sont exposées. Là, ça fait un peu 300...
En parlant d'oeuvre contemporaine, la nouvelle gare TGV dessinée par Santiago Calavatra Vals
vaut vraiment le détour. C'est superbe, quel que soit l'angle.
Seul hic : la galerie commerciale située en dessous coûte une fortune en chauffage... Mais sinon, le bâtiment est vite devenu un nouveau symbole de la ville : c'est le monument le plus photographié de Liège.
photo : wikipedia
Autre nouvelle construction qui change le visage de Liège : la Tour Paradis que l'on voie de toute la ville (118 m de hauteur). C'est le nouveau centre des Finances de la Province de Liège. L'ancien (très moche) doit être rasé pour laisser place à une grande esplanade piétonne qui ira de la gare à cette tour. Lorsque ce sera fait, ça devrait avoir de la gueule et faire rentrer définitivement Liège dans le XXIème siècle.
La "greffe contemporaine" est aussi tentée, comme à l'Opéra royal de Wallonie, inauguré en 2012.
Si voulez une belle vue sur la ville, il faut monter à la citadelle, où vous passez de terrasse en terrasse en prenant plein de petits escaliers. C'est arboré et fleuri. C'est vraiment la campagne à la ville. Plus vous prenez de la hauteur, plus la vue devient intéressante.
Vous pourrez ensuite redescendre par les escaliers "les plus extrêmes du monde" appelés la Montagne de Bueren. 374 marches avec un angle de 30 % (des "malades" réussissent à le monter en 1mn 10s). Chaque 1er samedi d'octobre, lors de la nocture des coteaux, 3000 bougies éclairent la "montagne".
Henri et Bibi presque en haut de la montagne...
Photo : wikipedia
Le midi, nous avons mangé dans une brasserie qui propose une cuisine locale : As Ouhès (= aux oiseaux). Elle se situe juste en face du monument local, le Perron. Il est représenté sur les armoiries de Liège depuis le XIVème siècle et figurait sur les pièces de monnaie du Prince-Evêque. Au XVème siècle, le perron de l'époque (il était moins volumineux) avait été emmené à Bruges par l'armée de Charles le Téméraire. Les Liégeois sont allés le récupérer, car Liège sans le Perron, c'est juste pas possible...
J'ai goûté le Ti Punch liégeois qui contient le fameux Peket, si ce n'est que lorsqu'on ne connaît pas le goût du Peket, va le retrouver... En tout cas, le Ti Punch, c'est bon ... sans que ça ne ressemble pas du tout à un Ti Punch (il ne doit y avoir aucun ingrédient commun).
Evidemment, depuis que Sandrine nous avait parlé des Boulets de Liège, j'en rêvais la nuit. Et bien, ils sont là, devant moi (Sandrine, je l'ai rencontrée quelques heures plus tard - oui, ça fait beaucoup d'émotions en une journée). Et bien, c'est extra, même si deux boulets m'aurait suffit. Je n'étais pas le seul à trouver que ça faisait beaucoup. Tout le monde voulait en donner un à ses voisins ;-) J'ai beaucoup aimé la sauce Lapin (qui ne contient pas de lapin), très légèrement sucrée.
Evidemment, il me tardait des manger des FRITES BELGES (les seules les vraies, paraît-il) !!! D'après mes compagnon(ne)s, elles étaient BIEN, sans plus. Ce qui prouve qu'elles sont meilleures qu'en France, car chez nous, je les aurais classées TRES BIEN. Croustillantes à l'extérieux, fondantes et aériennes à l'intérieur, avec un bon goût de pommes de terre (ça explique aussi pourquoi j'ai calé sur le troisième boulet. Je me suis gavé de frites !).
Mais Liège, c'est aussi la ville du Peket, un alcool de grain aromatisé au genièvre. Je ne pouvais pas repartir sans y goûter. Nous somme donc allés à la Maison du Peket. J'ai demandé conseil à la serveuse, mais elle n'avait pas l'air de s'y connaître beaucoup mieux que moi. Elle m'a conseille le Peket Charlemagne. C'était pas mauvais, mais pas de quoi tomber en amour... Le Peket citron de Françoise, c'était beaucoup plus sympa et frais (mais ça n'avait pas beaucoup le goût du Peket). Lorsque nous étions attablés, nous avons réussi à nous faire accoster par un journaliste de RTL-TVI qui nous a interrogé soi-disant sur le plaisir de boire en été sur les terrasses. Nous y avons participé avec bon coeur. En fait, ça s'est avéré être un reportage sur l'alcoolisme assez glauque (j'ai alors mieux compris pourquoi mes propos vantant le recrachage des vins a été coupé au montage). Enfin, ça montre une fois de plus qu'il ne faut pas faire confiance aux médias sur l'utilisation de votre image.
Cet écriteau affiché sur la devanture d'une boutique de livres d'occasion montre un état d'esprit rarissime en France, mais que j'ai retrouvé à plusieurs reprises lors de mon séjour. La confiance et le partage ne sont pas que des concepts abstraits, mais se concrétisent par plein de gestes au quotidien. Par exemple, comme en Allemagne, les gens ne traversent pas les passages-piétons lorsque le petit bonhomme est rouge. Ils attendent patiemment même lorsqu'il n'y a pas une voiture à la ronde. Par contre, tu peux traverser un passage piéton sans feu en toute confiance : toutes les voitures s'arrêteront (bon t'as pas intérêt à ce qu'il y ait dans le lot un automobiliste français en vacances : t'es mort...)
Ca ne se voyait pas trop au mois d'Août, mais Liège accueille 90.000 étudiants chaque année. Cela en fait donc une ville très jeune et très animée toute l'année, et tout est prétexte à faire la fête. Et apparemment, on y prend goût. Beaucoup d'étudiants qui pensaient repartir de Liège une fois leur diplôme obtenu sont encore là vingt ans plus tard, et même beaucoup plus. Cette ville est ensorcelante, vous dis-je.
Ou sont-ce peut-être juste les habitants, d'une gentillesse et d'une générosité inhabituellle ?
C'est ce que semble dire cette video :
★★★ NE VENEZ PAS A LIÈGE !!! ... [B. Poelvoorde]
Posted by Manu Flores Roa on jeudi 13 août 2015
Bref, vous êtes prévenus : ne venez jamais à Liège. Vous n'en repartirez pas.
(d'ailleurs, j'y retourne dès que je peux !)