Château Lacapelle-Cabanac, l'incontournable
J'ai poursuivi mon périple en terre cadurcienne par ce domaine que j'avais découvert il y a trois ans aux Vignerons indépendants de Bordeaux. J'avais été séduit tout autant par la franchise et la droiture des vins que par le néo-ruralisme attachant de ses propriétaires.
Comme une grande partie du vignoble de Cahors, les vignes avaient été abandonnées après la crise du phylloxera. C'est en 1978 que le propriétaire remet en fonction le chai envahi par la broussaille et redonne vie à ce domaine multi-séculaire. En 2001, Thierry Simon (à droite) et Philippe Vérax (à gauche) rachètent le domaine. Dès leur installations ces anciens informaticiens décident d'entamer une reconversion vers l'agriculture bio.
Pour les aider à s'occuper de ces 20 hectares, les propriétaires ont embauché deux employés à plein temps. Ce qui n'est pas de trop lorsqu'il faut travailler les sols et désherber mécaniquement. Sans parler de la maîtrise des rendements qui passe par l'ébourgeonnage et les vendanges en vert. Progressivement le domaine est passé en biodynamie, ce qui a permis de diviser par 4 les doses de cuivre et soufre.
Le chai étant éloigné du château, nous avons attaqué directement par la dégustation.
Château Lacapelle-Cabanac 2007 (80% Malbec, 20% Merlot, élevage en cuve) : joli nez sur les fruits noirs bien mûrs et les épices. Bouche ronde, douce, presque moelleuse, aux tannins très enrobés. Finale sans aucune dureté. Une initiation "soft" au Cahors pour ceux qui pensent que ce sont des vins durs (6€27).
L'original 2007 (100% Malbec, rendements < 30hl, ha, élevage en cuve) : nez plus puissant, avec des notes de fruits sauvages, de poivre et de cuir. Bouche plus dense, avec des tannins veloutés et une belle fraîcheur. Finale assez tannique, mais profondément gourmande et attachante (14,45€).
Prestige 2006 (90% Malbec, 10% Merlot, 20 mois en fûts de chêne) : nez fin sur les fruits noirs et des notes grillées. Bouche intense, profonde, avec une trame dense, presque impénétrable. Finale pour le moins virile, avec tout le charme que ça peut comprendre (8,80€, prix cadeau !)
XL 2006 (100% Malbec, 20 mois en fûts de chêne neufs) : nez classieux, plus marqué par l'élevage. La bouche est puissante, charnue, sensuelle, avec des tannins qui roulent sur la langue et une fraîcheur qui apporte beaucoup d'allant. La finale est "couillue", ai-je écrit. Entendez par là que le dégustateur se prend un véritable uppercut en pleine poire pour conclure cette série ;o) (12€74)
Philippe Vérax m'emmène ensuite au chai.
Les cuves en inox de 200 hl étaient déjà là avant le rachat de 2001. Nos vignerons ont bien conscience que le volume n'est pas idéal, mais d'autres achats prioritaires passent avant...
Le chai n'avait auparavant jamais accueilli autant de barriques (deux millésimes en permanence). Il est donc bien rempli, y compris à l'étage. Les superpositions compliquent un peu les ouillages et soutirages, mais à la guerre comme à la guerre...
Et bien voilà, j'ai fait le tour de ce qu'il y avait à voir sur ce domaine. Leur Cahors sont plus "classiques" que ceux du Clos d'un jour, avec toutefois une pureté et une buvabilité qui n'existait pas autrefois. Il est probable que dans les années qui viennent, le travail à la vigne renforcera leur minéralité. Et ça devrait devenir hénaurme !
Merci à Thierry Simon et Philippe Vérax pour leur accueil !