750 grammes
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A boire et à manger
10 avril 2022

Tout sauf des grosses étiquettes...

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Tel était le thème de la dégustation printanière chez l'ami Jean-Loup. Comme ça, difficile de comprendre ce qui va être servi, si ce n'est que nous n'aurons probablement pas de Romanée Conti ou de Lafite Rothschild dans les verres. Mais bon, il y a tellement de possibilités que les surprises risquent d'être nombreuses. Et c'est très bien ainsi. 

Décidément, rien n'est comme d'habitude, aujourd'hui. Les traditionnelles galettes de pommes de terre ont été remplacées par des petits pains feuilletés à l’huile d’olive. Je me demande si je ne les préfère pas (peut-être l'effet nouveauté ?). Et ils ont été préparés par Nicole qui a bien voulu nous donner la recette. 

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Le premier vin a une robe entre l'or en fusion et l'ambre. Le nez est fin, complexe, sur le pralin, la noix grillée, le sésame, l'orange séchée... La bouche est élancée, fraîche, tendue, presque tranchante. En se réchauffant (il a été servi très frais), le vin gagne en rondeur tout en restant aérien. L'aromatique est toute en nuance : elle suggère plus qu'elle n'impose. La finale offre une légère mâche épicée, délicatement fumée. Un joli vin bien mystérieux qui laissent toute l'assemblée perplexe. On ne risquait pas de trouver, puisque c'est un vin gris de  Reuilly  de 2006  du domaine Jacques Vincent (100 % pinot gris). La qualité de son vieillissement est vraiment impressionnante !

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Le vin suivant est servi avec des toasts aux rillettes de poisson

 

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Sa robe est dorée, sans être trop dense. Le nez est superbe, mêlant la truffe à la gelée de coing, mais aussi la pomme rôtie et une touche de mousseron. La bouche est élancée, racée, étirée par une fine acidité traçante, et dotée d'une matière fraîche et concentrée, avec des amers montant crescendo. On les retrouve dans une finale intense, tonique, dominée par le coing confit. Très beau vin ! Aucun doute que ce soit un chenin ligérien. Sur le côté truffé du vin, il y a 3 hypothèses proposées : 1996, 2002 ou 2008.  C'est le millésime du milieu, puisque c'est un  Vouvray sec 2002 de Philippe Foreau. D'aucuns le verraient comme une grosse étiquette, surtout dans ce millésime mythique. Mais Jean-Loup explique que la grosse étiquette du domaine, c'est le Moelleux Réserve (ou la Goutte d'or, ajouterais-je). 

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Puis arrive une Trilogie de la mer (crevettes, moules, colin)

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Le troisième vin a une robe jaune pâle, sans évolution apparente. Le nez est d'abord discret, sur le zeste de citron, la coquille d'huître, le champignon de Paris et une légère touche lactée. Puis s'ouvre avec l'aération et le réchauffement sur le lemon curd. La bouche est pure, éclatante, d'une fraîcheur cristalline, avec une tension qui ne vous lâche plus. L'ensemble est harmonieux, d'une totale évidence et vous hurle que vous êtes en face d'une grosse quille malgré le thème du jour. La finale est aussi fine qu'intense, sur des notes fumées et citronnées. Du très bel ouvrage ! 

Si tout le monde est d'accord sur le terroir du Kimmeridgien, la question se pose de savoir si on est sur du chardonnay (Chablis) ou du sauvignon (Chavignol). Je dirais chardo, tout de même. C'est un Chablis Grand Cru Bougros "Côte Bouguerots"  2008  du domaine William Fèvre

Jean-Loup explique que ce n’est pas une grosse étiquette, car la RVF annonçait un « risque d’oxydation ». N'empêche que dans le cas présent, le bouchon a fait son job, et que le vin est au contraire d'une jeunesse insolente. L'accord avec la trilogie est TOP !

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Et voilà de délicieuses brochettes de gambas aux épices !

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Le quatrième vin a une robe or clair, sans évolution. Le nez évoque un millésime solaire, sur les fruits blancs mûrs et des notes patissières finement beurrées. La bouche contraste par son côté ciselé, tranchant, renforcé par un fin filet de gaz carbonique, rendant digeste une matière mûre et séveuse. La finale est énergique et portée par l'acidité, sur des notes de cassis et de rose fanée ... qui me laissent penser qu'on a affaire un sauvignon. C'en est un  puisque c'est un Sancerre Clos de Beaujeu 2009 du domaine Gérard Boulay.

Bon, là, on est en pleine mauvaise foi (malicieuse)  jeanloupienne : cette bouteille n’est pas une grosse étiquette car « ce vin est un boulet ». Le mariage avec les gambas est réussi alors que ce n'était pas étudié pour : elles devaient accompagner le vin suivant ... qu'on a bu seul. 

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Le cinquième vin a une robe d'un or(angé) intense. Le nez est surprenant, sur des notes résineuses et les herbes médicinales, avec une légère touche d'oxydation.  La bouche est fraîche, pure, élancée, avec une matière intense, très concentrée, et une acidité tranchante qui s'étire au-delà même de la finale épicée, mais aussi florale. Un vin extra-terrestre qui m'impressionne plus que me séduit. Je suis content de l'avoir découvert, mais je ne vais pas partir à sa recherche dès la session finie. C'est un Arbois Amphore 2017 de Philippe Chatillon , un vin orange 100 % savagnin.  

Il se serait certainement très bien accordé avec gambas aux épices. 

Jean-Loup l'a choisi car c'était le vin le mieux noté de la dégustation Vins oranges de la RVF. 

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Nous continuons avec une goûteuse terrine de poulet aux poivrons,

servie avec les deux vins suivants. 

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Le sixième vin a une robe grenat translucide. Le nez est très fin, sur le poivron grillé, la framboise fraîche, le cassis végétal, le poivre. La bouche est fine, tendue, aérienne, déployant une matière soyeuse au fruit frais et expressif. La finale prolonge la bouche en offrant un surcroît de concentration, mais la durcir, mais offre aussi plus de fruit et de fraîcheur, avec un léger retour du poivre. C'est très (très) bon ! Sans trop de surprise, on est dans le graal du cabernet : c'est un Saumur-Champigny "Le Clos"  2012 du Clos Rougeard

Dixit Jean-Loup, "ce n’est pas une grosse étiquette car ni Poyeux ni Le Bourg, et pas dans un grand millésime"

En toute logique, l'accord avec la terrine était parfait grâce au poivron rouge. 

 

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Le septième vin a une robe grenat aux reflets pourpres. Le nez est expressif, sur les fruits rouges confits, les épices et la garrigue. La bouche est ronde, ample, très fraîche, avec une matière fine, soyeuse, pétant le fruit.  La finale est gourmande, avec des tanins croquants et un fruit encore plus expressif. Un délice !

J'avoue avoir pédalé sérieux pour trouver d'où pouvait venir ce vin. J'aurais dû penser à la Corse, car j'ai bu des vins qui avaient des profils proches  .... mais on zappe facilement la Corse, à tort.  C'est un Corse Figari "Amphora" 2015 du Clos Canarelli. 

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En dernier plat, une irrésistible daube de joues de porc, 

servie avec les deux rouges qui suivent

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Le huitième vin a une robe grenat sombre. Le nez est intense, sur la prunelle, le cassis, le poivron grillé et le cigare. La bouche est ronde, (très) fraîche, veloutée,  avec une chair dense et mûre  au fruit très expressif – cassis majoritairement –  le tout étiré par une belle tension.  La fraîcheur monte encore d'un cran en finale, sur le cassis, le menthol et le cigare.  L'assemblée se divise en deux. Certains partent sur du cabernet sauvignon, d'autres sur du franc.  Je me tâte, et prend finalement la deuxième option. Ouf, c'est un Chinon "Coteau de Noiré" 2005 du domaine Philippe Alliet

"Ce n’est pas une grosse étiquette car il est fou à lier" nous dit Jean-Loup. 

Très bel accord avec la daube !

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Le neuvième vin a une robe un peu plus profonde que le précédent. Le nez est puissant, complexe, fascinant, sur la violette, la viande, fumée, l'orange amère, les notes résino-balsamiques... La bouche est très ample, fraîche, racée, avec une matière soyeuse, élégante, sensuelle, dotée d'une intensité aromatique impressionnante. La finale est puissante, jouissive, d'une fraîcheur hors norme, avec une persistance sur l'agrume confit. Magnifique vin, reconnu par Samuel et Didier (faut dire qu'une fois qu'on a bu cette cuvée, ça ne m'étonne pas qu'on la reconnaisse ensuite).  C'est une cuvée Guilhem Gaucelm  2014 de l'Ermitage du Pic Saint Loup

"Ce n’est pas une grosse étiquette car c’est un vin pour Gégé" Impayable Jean-Loup !

Joli accord avec la daube, même si le vin a tendance à dominer un peu. 

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Trois fromages : Comté de 20 mois, Etorki et chèvre mi-frais

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Le dixième vin a une robe pourpre sombre. Le nez est fin, fumé, sur les fruits noirs, la garrigue, avec une fine touche animale et une pointe tertiaire.  La bouche est élancée, inflexible, déployant une matière séveuse, racée, d'une grande intensité aromatique. Il réussit d'avoir la classe en passant juste après GG. La finale est puissante tout en conservant une douceur tactile, et persiste longuement sur les fruits noirs et le menthol. Superbe vin !

À ma grande surprise, c'est un Madiran Château Montus 2005. Le meilleur vin du domaine jamais bu !

"Ce n’est pas une grosse étiquette car ce n’est ni la cuvée Prestige ni encore moins La Tyre" nous explique Jean-Loup. 

 

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Gâteau moelleux aux pommes et poires : délicieux !

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Le onzième et dernier vin a une robe concentrée entre l'or et le cuivre.  Le nez est riche, complexe, sur le miel, les fruits confits, le caramel et les épices.  La bouche est ronde, moelleuse, enveloppante, étirée et  rafraîchie par une fine acidité. La finale est intense, sur le pralin, l'écorce d'orange  et les épices.  Un très beau liquoreux, bien équilibré.

Ça patouille grave pour trouver l'origine de ce vin... Tu m'étonnes, il est suisse :  c'est un Valais Grain noble Marsanne 2012 de  Marie-Thérèze Chappaz.  

Jean-Loup persiste dans la malice fourbe jusqu'au bout : "Ce n’est pas une grosse étiquette car c’est un vin de valet…"

L'accord avec le gâteau était parfait !

Encore une très belle session, très différente des précédentes. Pour une dégust "sans grosses étiquettes", on a été gâté  : le niveau général était élevé, même quand on était dans l'improbable avec un Reuilly de 16 ans !

Merci à notre duo de choc pour leur accueil et ce grand moment de plaisir 

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