Domaine Freslier - Vouvray
Le domaine Freslier, c'est vraiment que ce que l'on appelle un coin à champignons que se refilent entre eux les amateurs. Avant d'aller sur place, je ne me rendais pas compte qu'il fallait aussi le prendre au sens littéral (voir photo ci-dessous). Déjà, il faut le trouver : il est perdu sur les hauteurs de Rochecorbon, loin du bourg de Vouvray et des bords de Loire. Impossible de passer devant si vous ne le faites pas exprès.
C'est Jean-Pierre Freslier qui nous accueille en toute simplicité. Avant de déguster, il nous emmène dans la cave creusée dans la roche calcaire.
Elle accueille les vieux fûts où les vins sont élevés jusqu'au printemps (la mise en bouteille de 2018 est déjà faite) et les nombreux millésimes encore en vente. La fermentation alcoolique se fait dans des cuves inox situées juste à côté de la salle de dégustation.
Les méthodes tradtionnelles reposent trois ans sur lattes avant d'être dégorgées
Le vignoble a une superficie de 10 ha. Il est vraiment géré familialement car seuls y travaillent Jean-Pierre, son épouse et leur fils. Il est conduit en "culture raisonnée".
L'hygrométrie et la température constante (13 °C) assurent une bonne conservation.
On y goûtera tout à l'heure
Château Margaux avait la même moisissure dans son chai il y a quelques années.
Bonde à l'ancienne.
Allez, on goûte les vins. Ils sont servis froids dans des verres type Inao, en quantité aussi raisonnée que la culture du vignoble. Les nez sont donc très discrets. Mais comme dit Jean-Pierre, "l'important, c'est la bouche" (ce que ne démentirait pas le bon Dr Javaux).
Vouvray pétillant brut (6.50 €) : bouche ronde et fraîche sur les fruits mûrs, avec des bulles fines et éclatantes. Ensemble harmonieux et gourmand, désaltérant. Y a bon !
Vouvray pétillant demi-sec (6.50 €) : bouche plus vive et élancée, traçante, même, avec des bulles plus toniques – tout en restant fines. Aromatique plus mûre, mais compensée par la grande fraîcheur. Sucres finaux très bien intégrés pour un demi-sec. J'en ai pris quelques unes pour les faire vieillir quelques années.
Vouvray sec 2017 (5.70 €) : bouche fraîche, éclatante, avec une matière limpide, digeste, sans fioriture, coulant de source. Finale nette à la mâche crayeuse savoureuse.
Vouvray demi-sec 2015 (6.10 €) : un peu plus ronde et mûre que le précédent, mais toujours cette fraîcheur évidente, cette trame fine, cette digestibilité. Ça se boit comme du petit lait. Sucres finaux quasi-imperceptibles.
Vouvray moelleux 2015 (7.20 €) : on gagne encore un tout petit peu en rondeur et plus encore en fruits mûrs tout en conservant la fraîcheur, mais ça reste fin (d'aucuns diront peut-être "maigres"), digeste, bien équilibré. Finale gourmande sur les agrumes confits aux sucres très discrets alors q'il y en a tout de même 50 g/l.
Vouvray moelleux réserve 1996 (9.70 € ! ) : le nez est un peu plus expressif (truffe, coing). La bouche gagne enfin en épaisseur et devient véritablement moelleuse sans pour autant tomber dans l'onctueux. Il y a une belle tension, une intensité et une richesse aromatique supérieure aux vins précédents. Tout en restant facile à boire et très frais. Belle finale sur le coing confit, d'une longueur honnête.
Vouvray Grains nobles 2009 (18.50 €) : le nez monte encore en expression, sur les fruits exotiques et la truffe. La bouche gagne en opulence et en intensité, avec une acidité plus marquée, des agrumes confits qui apportent de nobles amers. Cette fois-ci, la finale est nettement plus longue, et d'une belle complexité. Très bon vin !
J'en aurais bien goûté 2-3 de plus, mais on s'arrête là. C'est déjà pas mal ;-)
Merci à Jean-Pierre Freslier pour l'accueil !