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A boire et à manger
17 novembre 2018

Il n'y a pas qu'au printemps que ça chauffe à Bourges...

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On a les marronniers qu'on peut : chaque année, à la même période, c'est l'incontournable repas/dégustation chez Nicole et Jean-Loup. Et le plaisir de retrouver la bande d'amateurs fidèles du forum La passion du vin. Cette fois-ci nous sommes 13 à être descendus dans la cave. Mais comme il y a seulement un tonneau au milieu de la pièce,  la malédiction dite du Treizatable ne peut pas fonctionner ;-).  Ouf !

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Avec les traditionnelles galettes de pomme de terre, la non-moins traditionnelle bulle . 

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La robe est jaune pâle, avec des bulles éparses,bien présentes. Le nez est frais,  sur le beurre citronné, la craie humide, la pomme Granny, avec une très légère évolution à l'aération (noisette, brioche). La bouche est vive, traçante, avec des bulles toniques qui accentuent encore le phénomène. Il y a une belle pureté aromatique dans un esprit "eau de roche", juste relevée par une pointe d'agrume. La finale est énergique, avec une mâche citronnée et une amertume évoquant l'écorce de pomelo. Encore un peu trop jeune à mon goût, l'empêchant de dévoiler tout son potentiel. Je le regoûterais bien dans 5, voire 10 ans. Mais on y prend déjà beaucoup de plaisir : avec des huîtres bien iodées, il serait certainement génial ! Je penche pour un Champagne  Blanc de Blancs de 2008. Mon voisin Vivien suggère Minéral d'Agrapart. Le compte est bon : c'est un Champagne Minéral Extra Brut 2008 d'Agrapart

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Blinis au saumon fumé

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Le premier vin blanc a aussi une robe jaune pâle... mais sans bulle. Le nez est pierreux, profond, sur le fruit de passion, la craie humide, le mousseron, et une légère note fumée. A ce stade, on peut hésiter entre un Chablis et un Sancerre. Une seule certitude (qui pourrait s'avérer fausse : ça "sent" le Kimmeridgien. La bouche est tout d'abord ample, enveloppante, déployant une matière plutot dense et fraîche, avant de s'écrouler,  faute de tension et de colonne vertébrale. Elle retrouve son énergie dans la finale présentant une mâche crayeuse, et une aromatique cassis/citron qui fait pencher la balance pour un Sancerre. Avec l'aération – et après avoir mangé les blinis – le vin me paraîtra nettement plus harmonieux : la liaison entre l'attaque et la finale finit par se faire, faisant disparaître le vilain creux. En fin de compte, il me plaît bien! C'est un Sancerre Comtesse de 2008 de Gérard Boulay. Jean-Loup l'a ouvert "à cause" de moi, car j'avais écrit en septembre dernier sur LPV avoir été déçu par cette cuvée, évoluée prématurément. Il voulait voir où elle en était. Eh bien on pourrait dire qu'elle se cherche : elle semble être dans une phase intermédiaire. A attendre patiemment 3-5 ans de plus pour ceux qui en ont encore.  

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Lotte au beurre safrané et à la ciboulette

 

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Le deuxième vin blanc a une robe dorée, brillante. Le nez est dominée par le citron confit, souligné par des notes beurrées et caramélisées. La bouche est plutôt bien équilibrée, dans un style mûr et plein, généreux. Mais la finale  est un hymne au caramel au beurre salé qui hurle tellement fort que l'on oublie tout le reste (mâche, agrume confit). Vraiment pas mon truc. Forcément c'est un Bourgogne blanc, probablement en côtes de Beaune. Certains parlent de Carillon, histoire de rappeler un douloureux épisode précédent. C'est un Chassagne-Montrachet 1er cru  Les Champs Gains 2008 de  Marc Colin (ce qui surprend ceux qui connaissent le domaine). À noter que la lotte safranée gomme un peu la finale caramélisée, améliorant très nettement le vin. 

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Noix de pétoncles au lait de coco et citron vert

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La robe est entre l'or et le cuivre.  Le nez est très expressif, sur la rose séchée, les notes muscatées, le souk oriental et une légère touche fumée. Si c'est pas du Gewurz, ça.... La bouche est pure et élancée, avec une matière mûre, moelleuse, dense sans être lourde. Malgré sa richesse, ce vin a une allonge et une énergie que n'avaient pas les deux précédents. La finale présente une fine mâche très aromatique,  avec une douceur équilibrée par de nobles amers, et se prolongent sur les épices et des notes fumées. Spectaculaire ! Lorsque Jean-Loup nous annonce que ce vin pèse 16.5 % d'alcool + 22 g/ l de sucres résiduels,  c'est encore plus bluffant. Bu seul, c'est un peu épuisant pour le dégustateur tellement c'est riche, mais avec le plat, c'est un pur régal !  Vivien a trouvée d'emblée ce que c'était (millésime mis à part) : Gewurztraminer GC Rangen de Thann, Clos Saint-Urbain 2007  de Zind-Humbrecht

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Terrine de pintade aux cèpes

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Après une bonne gorgée d'eau, nous passons aux vins rouges. Le premier a une belle robe grenat translucide. Le nez est fin et complexe, sur le cassis, la ronce, le tabac, le poivre et une touche d'humus. La bouche allie rondeur et tension, avec une matière soyeuse, délicate, et une fine acidité ciselée qui l'étire en filigrane.  Il se dégage de ce vin une épure qui m'évoque un coup de pinceau d'un maître zen : ça parait simple comme ça, mais il y a derrière 50 ans de travail. À cela s'ajoute une pureté de fruit, quasi cristalline, rare pour un vin rouge. La finale est finement tannique, avec un retour du cassis et du tabac, et une persistance sur le poivre et le sous-bois. Nous sommes une minorité à être touchés par ce vin. Les autres dégustateurs lui reprochent un déficit de matière et de puissance. Je le regoûte. Et le re-regoûte : ben non, pour moi, ce vin est d'une grâce incroyable. C'est un Saumur-Champigny Les Poyeux 2007 du Clos Rougeard

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La robe du second vin est légèrement plus claire que le  précédent. Le nez est tout simplement magnifique : fruits rouges confits, écorce d'orange, fourrure, encens, épices. Pour tout le monde, c'est signé Reynaud. La bouche est ample et soyeuse, enveloppante, mais rapidement l'alcool prend le dessus et vous réchauffe un peu trop le palais. .C'est encore pire en finale, lui donnant un côté lourdaud. Insupportable. C'est un Châteauneuf du Pape  Pignan 2006. Avec la terrine, l'alcool passe un peu mieux, mais c'est tout de même pas la joie... 

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Brochettes de canard marinées aux épices et au poivre de Séchuan

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Le troisième vin rouge a une robe grenat sombre. Le nez est intense, sur les fruits noirs bien mûrs, le cèdre, le poivre. Avec l'aération, on a quelques notes plus tertiaires (cigare, sous-bois). La bouche est bâtie toute en longueur, avec une acidité traçante qui sert de fil conducteur. La matière  est dense,  avec une texture finement veloutée A l'approche de la finale, les tanins gagnent en fermeté pour devenir plus accrocheurs. Cela ne nuit pas à la gourmandise du vin qui explose de fraîcheur. J'aimerais plus de finesse, mais je reconnais que c'est très bon. Je ne suis pas plus surpris que cela d'apprendre que c'est un Château Léoville Barton 2003

basse

La robe est grenat. Le nez est superbe,  sur l'encre, le lard fumé, l'orange sanguine, les fruits noirs, le poivre. La bouche élancée est une merveille d'équilibre, alliant une fraîcheur intense  et une texture caressante, sensuelle. La finale est juteuse, sanguine, d'un charme irrésistible, avec une longue sur le lard fumé/poivré. Dela Syrah à ce niveau, c'est forcément une Côte rôtie ! C'en est bien  une :  Côte rôtie Bassenon 2009 d'Yves Cuilleron.

 L'accord avec les brochette est excellent !


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 Sauté d'agneau à l’espagnole au chorizo

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 La robe du dernier vin rouge est rubis très sombre. Le nez est mûr, gourmand, sur la tarte aux quetsches qui sort du four, le noyau et les épices. La bouche est ronde, ample, déployant avec énergie une matière généreuse et veloutée, limite opulente.   La finale a une mâche mûre et épicée, avec des notes camphrées/résineuses qui apportent un contrepoint à la chaleur de l'alcool.  Pour beaucoup, ce vin est too much. Perso, je le trouve plutôt bien dans son style, même si je ne me vois pas en acheter. C'est un Priorat, Finca Dofi 2009 d'Alvaro Palacios

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Beaufort d’alpage et  comté de 12 mois

Avec les fromages, on repasse à un vin blanc. Sa robe est dorée. Le nez est expressif, sur la mirabelle, la pomme chaude, le miel et une touche pétrolée. La bouche est énergique, avec une matière à la fois corsée et moelleuse, légèrement douce. La finale est miellée, épicée, avec l'impression de quelques sucres résiduels, mais aussi un alcool un peu trop présent. On est plus dans le bizarre que dans le vraiment bon. Pas trop surpris d'apprendre que c'est  Oro2000 du domaine Peyre Rose. Je préfère toutefois cette version au 1996 goûté plusieurs fois.  

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Macarons et cannelés 

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La robe est d'un or intense, tirant vers le cuivré. Le nez est intense, complexe, sur la truffe noire, le safran, l'orange confite et l'encaustique. La bouche est ronde, ample, riche, avec une matière onctueuse équilibrée par une fine acidité qui s'étire jusqu'en finale. La finale est tonique, fraîche, mêlant la truffe au nougat et aux fruits confits. C'est rien moins qu'excellent, voire plus. C'est  Château d'Yquem 1988. Mon plus bel Yquem sur la dizaine de millésimes que j'ai bu. 

C'est sur cette très belle bouteille que se finissait ce repas ... et un week-end mémorable.

Merci à Nicole et Jean-Loup pour ces heures de bonheur  offertes avec générosité !

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Quand deux passions se rejoignent pour n'en faire qu'une: la gastronomie
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