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A boire et à manger
21 novembre 2023

Retour dans le Bordelais, jour 2 (part.2) : Le Pin

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La veille au soir, Ludovic nous a annoncé durant le repas le programme de la journée. Faut pas s'imaginer qu'il nous le lâche tout d'un coup : il y a du du story telling avec du suspens et des circonvolutions.  Mais la nouvelle finit par tomber. Il  n'y a qu'une seule visite dans la matinée : le Pin à Pomerol.  Cela relève d'un exploit encore plus grand qu'entrer à Petrus en 2017, car ce tout petit domaine produisant le vin le plus convoité de l'appellation a la réputation de n'accueillir personne ou presque. Et même si vous avez la chance de rentrer, il n'est pas dit que l'on vous fasse goûter quoi que ce soit, chaque bouteille se vendant à plus de 3000 €. On peut comprendre. 

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L'histoire de la famille Thienpont démarre  dans la région en 1921 : Georges achète Troplong-Mondot – qu'il devra revendra suite à la crise de 1929 –  puis Vieux Château Certan en 1924, toujours dans la famille. En 1979, Léon Thienpont qui dirige alors le domaine de Pomerol apprend qu'une petite propriété de 1 ha est à vendre pour 1 million de francs. Une occasion d'agrandir le vignoble de VCC. Il en parle au reste de la famille, co-popriétaire du château. C'est non. Trop cher. Mais  Gérard qui gère la maison de négoce en Belgique en parle à son neveu Jacques qui travaille avec lui. Celui se lance en empruntant de l'argent à son oncle et à son père. 

Les débuts sont difficiles, par manque de moyen. Une dizaine d'années avant Thuvenin, Jacques a inventé le "vin de garage" avec juste une cuve inox et quelques barriques. Il est l'un des premiers à faire  la fermentation malolactique en fûts, car sa cuve n'était pas disponible. Aujourd'hui, c'est devenu un must dans les grands châteaux.  

Après des études de commerce, son cousin François  part en 1981 aux Etats-Unis. Il y présentera le Pin à Robert Parker qui ne le connaissait pas. Sur le millésime 1982, il est le seul à obtenir 100/100  avec Latour. La légende peut démarrer...

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Avec le temps, le domaine s'est agrandi, atteignant aujourd'hui les 3 hectares. Même si les autres parcelles ne sont pas très éloignées, elles présentent des sols / sous-sols différents, apportant encore plus de complexité.

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En 2009, Jacques et son épouse américaine Fiona Morrison (MW) décident de changer de bâtiment., car les anciens loaux sont peu commodes à travailler, et trop petits. C'est  Paul Robbrecht – un grand architecte belge qui a dessiné l'opéra de Bruges et les Halles centrales de Gand –.qui est chargé du projet achevé  : il fait table rase pour construire une oeuvre à la fois sobre et audacieuse qui met les pins en valeur. Vu de l'extérieur, on n'imagine pas du tout la surface utilisée en sous-sol qui permet pour le coup de travailler à l'aise.  

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Après nous avoir conté l'histoire du domaine, Jacques rentre plus dans les détails techniques qui s'avèrent au final très simples. "Il n'y  a pas de secret" aime-t-il dire. "Pour faire du bon vin, il faut des bons raisins" . Quand il les juge indignes du Pin, ceux-ci seront assemblés dans sa cuvée Trilogie qui regroupe trois millésimes différents (mais parfois juste deux).  

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On n'est pas dans le pharaonique / mégalo de certains :  le cuvier s'avère simple et pratique, avec 11 cuves  tronconiques en inox qui permettent de faire des vinifications parcellaires (voire intra-parcellaires). 

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Source photo : Paul Robbrecht

 

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Dès la fin des fermentations alcooliques,  le vin est entonné au sous-sol par gravité pour y faire sa "malo".  La pièce peut être chauffée pour encourager les bactéries à travailler ;-) Dans celle-ci ce sont les tous nouveaux 2023. 

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Et dans celle-là; ce sont les 2022 déjà pré-assemblés qui poursuivent leur élevage. 

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C'est d'ailleurs celui-ci que nous allons goûter :  la robe est rubis sombre tranlucide. Le nez est éclatant, sur les fruits noirs et rouges (cerise, mûre, framboise) soulignés par un boisé noble et une pointe de  menthe et de cèdre. La bouche est  ronde, très ample, enrobante, déroulant une matière veloutée et  sensuelle, avec une fraîcheur et une pureté de fruit impressionnantes.  La finale réussit à allier puissance et douceur, mêlant les nobkes amers (café cacao, pain grillé) à la cerise noire  et  à la  mûren avec une très grande persistance sur le menthol et les notes grillées.  

C'est tout jeune, mais très prometteur. Après, à 2500 € HT en primeurs,  je le laisse aux afficionados ;-) 

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La réserve / boutique. 

Un grand merci à Jacques Thienpont pour son accueil sympathique et son enthousisame communicatif ! 

 

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