Dégustation en aveugle du millésime 2000
Mardi 4 juillet, dans le cadre de la 3ème rencontre du "cercle normand" qui vait lieu chez Gildas, nous avons abordé le mythique millésime 2000. Gildas a eu là une très bonne idée: quelque soit la région, cette fameuse année aux trois zéros a permis de produire de beaux vins, et nous en eûmes la preuve ce soir-là...
La mise en bouche s'est faite avec un vin de 2005: un Gaillac perlé du Château de Livers (Cave de Labastide de Lévis: Mauzac, Len de l'El et une touche de sauvignon): robe or pâle avec des fines bulles. Nez sur la pomme bien mûre et les fruits secs grillés. Bouche fraîche, vive, de bonne ampleur. Les arômes fusent, le vin gazouille en bouche: un p'tit bonheur! Même la légère amertume finale fait partie du charme de ce vin ;-) Le type même de bouteille qui peut séduire ceux qui disent ne pas aimer le vin!
Nous passons ensuite au millésime 2000 (tout s'est fait à l'aveugle).
Premier vin: la robe est d'un beau doré. Le nez est sur la pomme au beurre, la brioche grillée, la noisette fraîche et la vanille. Si c'est pas du Bourgogne!... ;-) La bouche est ample dès l'attaque, toute en rondeur. La matière est mûre, dense, avec une mâche qui fait penser à un sol calcaire. Finale toute en puissance et longue. On est bien en Bourgogne; le sol est bien calcaire: c'est un Meursault Genevrières du domaine Latour-Giraud. Beau vin!
Deuxième vin: robe rubis légèrement évolué, translucide. Nez sur la griotte, le noyau, les épices et des notes giboyeuses. Bouche ample, ronde, aux tannins soyeux et d'une belle fraîcheur. Vin fin et friand. Finale assez courte. On placerait bien ce vin en Bourgogne, mais Jean-François nous dit que ce vin contient deux cépages. Bigre!!?? En fait, ce n'est pas incompatible: le deuxième cépage est du César, un cépage autorisé en Irancy(à hauteur de 10%)! C'est donc un Irancy de Thierry Richoux. Très agréable!
Troisième vin: robe rouge/violine opaque. Nez sur la prunelle, la violette et la pivoine, le poivre et les épices. Bouche ample, fraîche, aux tannins veloutés. Belle matière, terriblement gourmande. Finale belle et longue. Vin difficile à identifier. On sent qu'il y a de la syrah, mais quel est l'autre cépage? De la négrette! C'est un côtes du Frontonnais, la cuvée Thibaut de Plaisance du Chateau Plaisance. Encore un beau vin!
Quatrième vin: robe presque identique, plus sombre encore. Nez sur les fruits mûrs, le camphre, la truffe et les épices. Bouche de belle ampleur, riche, suave, avec des tannins soyeux. La matière est dense, mûre, avec des notes salines. Ce vin frôlerait la perfection si la finale n'était pas un poil asséchante. Tout le monde le place correctement, mais plutôt en rive gauche. Et pourtant non, c'est un rive droite, avec une forte proportion de merlot. C'est un Saint-Emilion grand cru, Terres Blanches de Château Tourans. Très beau vin!
Cinquième vin: robe trouble de couleur grenat assez évolué. Nez sur la fraise cuite, la prune, le cuir, le poivre et les épices. On dirait bien un Côtes du Rhône... Bouche ample, avec une acidité marquée dès l'entrée de bouche et qui ne fait que s'accentuer jusqu'à la finale. Celle-ci n'est pas dérangeante, car bien intégrée à la matière ronde, gourmande, aux tannins très souples. Après un bon carafage, le vin ne fera que s'améliorer. C'est bien un CDR. Plus précisément un Cairanne "Monsieur Paul" de Dominique Rocher. Beau vin!
Sixième vin: robe rouge sombre et opaque, légèrement évoluée. Nez sensuel sur les fruits bien mûrs, la réglisse et les épices, et un peu plus tard des notes de fumée. Bouche de belle ampleur, avec une matière mûre et des tannis veloutés. C'est gourmand, avec un côté juteux. Tout le monde voit ce vin sur la rive gauche, mais où? Beaucoup vont sur le médoc. Je descends plutôt sur GPL. Bingo! C'est un Graves: le château de Chantegrive. Très beau rapport qualité/prix!
Septième vin: robe grenat. Nez plaisant typé médoc pour tous: fruits rouges et noirs, épices, benjoin, et quelques notes lactées. L'attaque en bouche est ample, mais celle-ci perd assez vite son tonus. La matière manque de punch et les tannins ne sont pas totalement fondus. La finale est assez courte. Bref, ce vin ne m'enthousiasme guère. Peut-être a-t-il aussi la malchance de passer après le Chantegrive... Mais qu'est-ce? Un Haut-Médoc, le château d'Esteau.
Huitième vin: robe rubis un peu évoluée. Nez sur les épices, la pâtisserie orientale et le raisin sec. Cela me fait penser à un rioja. Eh non, me répond-on... La bouche est ample, riche, d'un beau velouté. La mâtière est belle, bien mûre et équilibrée. Finale légèrement asséchante. Tout le monde sèche sur ce vin étonnant... Surprise: c'est un BANDOL!!! Du domaine la Roque, pour être précis. Ah ben ça, alors... Encore un bien beau vin, ma foi!
Neuvième vin: robe or pâle. Très beau nez sur la rose, le fleur d'oranger et la pâte d'amande. Bouche de grande ampleur, riche, soyeuse, avec beaucoup de caractère et de fraîcheur. Les sucres résiduels sont totalement intégrés et s'équilibrent avec une belle acidité. Finale belle et puissante. Quel vin! Un Gewürtz? Non, un RIESLING! Un grand cru Kirchberg VT de Louis Sipp. Bravo!
Dixième (et dernier) vin: robe dorée. Nez d'abord muscaté, pui sur les agrumes confits, les notes rôties et le miel. Bouche d'un grand équilibre, alliant douceur et fraîcheur, avec juste ce qu'il faut de sucre, de gras et d'acidité. C'est fin, délicat, et pas lourd pour un sou! Beaucoup penchent pour du Sauternes, même s'il n'en pas certains défauts fréquents. C'est un "Charmilles" de la Tour Blanche. Ce second vin s'est trouvé projeté à la première en 2002, le Grand Vin n'ayant pas été produit. Belle découverte qui permet de clore cette soirée épatante avec élégance!
MERCI A JENNY ET A GILDAS!