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A boire et à manger
11 février 2010

Dégustation privée au Champ des Treilles (verticale 2000-2007)

Lorsque j'ai passé le réveillon de Noël chez Corinne et Jean-Michel Comme, je ne pensais plus les revoir avant de partir en Suisse. Et puis, les délais se rallongeant un peu, je leur ai proposé de venir les voir en leur domaine de Margueron. Lorsque je suis arrivé chez eux samedi soir, je n'ai pas pu ne pas voir la surprise qu'ils m'avaient réservée : sept bouteilles du Grand vin du Château du Champ des Treilles attendaient leur heure en file indienne sur le meuble de la cuisine !

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020Mais  n'allons pas trop vite : nous avons d'abord pris l'apéritif au salon. Sans Ricard ni cacahuètes, évidemment. Pour démarrer, un Grand vin (blanc) 2002 : une robe dorée, un nez de fruits confits et de notes épicées et grillées. La bouche est ronde, ample, avec une bonne fraîcheur. Mais la richesse du nez laisse supposer plus de gras et de densité qu'il a réellement. Engendrant un léger sentiment de frustration. Vite soulagé en picorant des petits rouleaux de jambons à la roquette préparés par Laure, la fille de la maison.

J'ai droit ensuite à déguster à la dernière version du Vin passion, bientôt mise en bouteille car il ne reste pour ainsi dire plus de 2008. Il est brut de cuve, avec un peu de gaz carbonique, mais celui-ci disparaît assez rapidement à l'aération. Comme le millésime précédent, il est pour l'instant dominé par le pamplemousse, au nez comme en bouche. La matière est fraîche, dense, avec un côté "croquant" et une mâche finale gourmande, qui donne envie d'en boire une gorgée de plus.

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Ayant fini de manger tous les petits rouleaux, nous avons pu manger une autre mise en bouche préparée par Corinne : des verrines de saumon et pétoncles. Une réussite autant gustative que visuelle qui allait très bien avec le deuxième verre de Vin passion que je m'étais servi (je précise qu'un crachoir a été à ma disposition toute la soirée).

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Afin de faire une transition entre le blanc et la série de vins qui m'attendait, Jean-Michel a servi en carafe un lot de vin rouge de 2009 qui va être vendu en vrac au négoce (majoritairement merlot, avec une belle proportion de presse). La robe est sombre, le nez puissant sur les fruits noirs, la terre humide, les épices. La bouche est d'une densité impressionnante, avec un côté sauvage, indompté qui va s'atténuer à l'aération (idem pour les tannins, un peu durs au départ qui vont vite s'assouplir). Si la première gorgée surprend, on s'y fait vite, à ce vin. Et il devient limite addictif par son côté juteux, terrien, et sa finale marquée par le fer du terroir de Margueron. Ca y est, maintenant, je suis échauffé pour attaquer la verticale !

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Jean-Michel me faisait remarquer les changements d'étiquette entre 2000 et 2007. La première, c'était l'étiquette du vin normal complétée par un bandeau "grand vin". Le domaine était loin de l'équilibre financier, et toute économie était bonne à prendre. Et puis bien sûr il y le logo AB que notre couple revendique fièrement, et une contre-étiquette pour toutes les indications certes légales mais vraiment très moches.

2000 : nez fin, élégant, mêlant les notes tertiaires à des arômes de fruits rouges (groseille, fraise) ; une touche de ronce, aussi. La bouche est douce, souple, assez ample, avec des tannins bien fondus. La finale est se durcit légèrement, sur la fraise cuite et les épices. Avec l'aération un côté végétal fait son apparition, pas vraiment agréable. Aussi passons-nous au ...

2001 : le nez est plus discret : fruits noirs, épices, rafles. La bouche est plus ample, plus diffuse, avec un sentiment de grande harmonie. Seule la finale plus tannique vous ramène sur terre, avec le côté ferreux évoqué précédemment sur le 2009.

2002 : le nez se fait ici charmeur, sur des fruits plus mûrs, et des épices chaudes. La bouche est dense, mûre, généreuse, avec un fruit intense. Le plaisir est atténué par une finale qui s'avère dure et asséchante, sur le cassis frais. Ceci dit, en mangeant un p'tit quelque chose, je pense que ça passerai tout seul ;o)

2003 : le nez est "chouette", notai-je sur ma feuille. Chouette, ça veut dire fruit intense, généreux, complexe, gourmand. Ben dans ce cas, la bouche, elle est chouette aussi : à l'image du nez dans l'intensité et la générosité, avec des tannins veloutés, un fruit superbe ... mais aussi de la fraîcheur. La finale est bien mûre, sans dureté. C''est vraiment très bon !

2004 : en fait, il n'en reste plus une seule bouteille ! Ca montre le scrupule des Comme : devant honorer une commande d'un importateur, il lui avaient vendu toute celles qui leur restaient. Dommage, donc : je ne saurais pas à quoi il ressemble...

2005 : le nez fait plus "cuit", avec des notes de fruits compotés, de cuir et d'épices. La bouche est pour l'heure dissociée. D'un côté une matière plutôt fluide, un peu alcooleuse. De l'autre des tannins assez durs, secs. Le plaisir n'est pas vraiment au rendez-vous. On sent que le millésime a été sec, et que le raisin a plus souffert qu'en 2003.

2006 : après le 2005, le nez est d'une fraîcheur bienfaisante : fruits noirs, pivoine, graphite. La bouche est mûre, fruitée, avec une fraîcheur mentholée et des tannins de velours. Jolie mâche finale, savoureuse. Un vin très agréable d'une grande accessibilité.

2007 : nez plus intense, avec un côté solaire rappelant le 2003, complété par des notes minérales (ardoise) qui lui donne de la profondeur. La bouche est très ample, harmonieuse, avec des tannins denses parfaitement intégrés et toujours cette minéralité droite, implacable qui se prolonge longuement dans la finale (où l'on a l'impression de boire du caillou). Puissance, profondeur, minéralité : mon dieu que c'est bon, ça ! On se rapproche sérieusement de très beaux Pauillac.

En tout cas, cette dégustation était vraiment très instructive : on voit de plus en plus l'influence de la biodynamie sur la qualité et l'expressivité des vins. Avec un nouveau pas franchi sur le millésime 2007 (comme Pontet Canet sur le 2008) : au-delà des cépages, du millésime, on perçoit l'âme du terroir.

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Puis il y a eu un velouté pommes de terre / poireau
(j'en ai repris une fois)

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du foie gras mi-cuit et des toasts

(avec un Monbazillac Tirecul la Gravière 2001, d'un grand équilibre)

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du magret de canard et des champignons

(repris une demi-part)

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Une salade d'orange à l'anis étoilé (très bon !)

avec de nouveau le Monbazillac

(on avait pas tout bu avec le foie gras...)

J'ai vu que Jean-Michel commençait à bailler (il était près de minuit). Je me suis dit "je vais les laisser se reposer". Les adieux ont donc été assez rapides, ce qui tombait bien. Ca a évité les effusions, les larmes, tout ça... J'avais eu mon compte d'émotion dans cette belle soirée (ah, ce 2007 !).

Commentaires
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Qu'est-ce qui vous fait dire que c'est la biodynamie qui laisse s'exprimer le terroir et pas le millésime et surtout l'évolution travail de cave qui influencent ces progrès dans la verticale ? Ce n'est pas une provocation, mais une vraie question :-) En tant qu'amateur naïf, j'ai toujours du mal à percevoir les différences de terroir dans les dégustations. Par contre les choix de cépages et de vinification audacieux toujours. Et si le domaine est "jeune" j'ai tendance à imaginer que les changements se font plus vite en cave que dans les sols. Dans Lavaux cela leur prendra sans doute des décennies à retrouver des sols vivants par exemple. Mais les vins ont vite évolué chez les producteurs qui se sont mis au bio parce qu'ils travaillent différemment aussi à coté. Enfin c'est mon impression, je suis un peu jeune pour analyser avec plus de certitudes les évolutions des domaines.
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Quand deux passions se rejoignent pour n'en faire qu'une: la gastronomie
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