Visite dégustation au château l'Angelus
C'est la fille de Hubert de Bouard, Coralie, qui nous fait la visite de la propriété. Les locaux sont bien sûr fort intéressants, mais elle réussit à les éclipser par sa pêche, son humour et tout de même... ses connaissances oenologiques ;-)
Nous commençons la visite par la chai de vinification. Je devrais dire l'un des chais, car il il y a trois pièces. L'une dédiée aux cuves béton, une deuxième aux cuves en bois et une troisième aux cuves inox. Présentation de la propriété d'abord: 23 ha en premier Grand Cru Classé B et 3 ha en grand cru (le Carillon de l'Angélus). Un deuxième chai a dû être construit pour vinifier le second vin. On voit là la rigueur de l'appellation Saint-Emilion par rapport au Médoc, beaucoup moins pointilleux en la matière. AU niveau de l'encépagement il y a 50% de merlot, 47% de cabernet-franc, et 3% de cabernet-sauvignon.
Coralie nous parle ensuite des vendanges, et de l'importance du tri. Pour être sûr de la qualité du travail, tout la famille de Bouard, père, mère, enfants, cousins.... siège à la table de tri. Et gare à celui qui manquerait de sérieux... Le détail le plus incroyable, jamais entendu ailleurs, est que les seules les baies extérieures des grappes de cabernet franc sont utilisées, celles de l'intérieur n'étant pas jugées suffisamment à maturité. L'égrappage de ces baies est donc manuel!
Des tapis roulants sont utilisés pour envoyer le raisin dans les cuves. Une pré-macération à froid est opérée avec de la carbo-glace durant trois jours. Les levures indigènes étant (dixit Coralie) mortes après cette opération, les cuves sont ensuite ensemencées avec des levures selectionnées venant des USA. Elles n'ont (toujours dixit Coralie) que des qualités par rapport aux méchantes indigènes accusées ici de tous les maux. La fermentation est ensuite assez classique (28°). L'écoulage à chaud se fait par gravité jusqu'aux chais à barriques (environ 80% de neuves). La fermentation malo-lactique se fera dans les mois qui suivent...
Contrairement à la tradition, il n'y a pas de soutirage trimestriel, susceptible de fatiguer le vin (hypothèse partagée par S. Derenoncourt). Celui-ci ne se fera que s'il apparaît à la dégustation un caractère réduit. Certaines barriques ne seront pas soutirées durant les 18 mois d'élevage. Comme dans beaucoup de domaines, les barriques seront transférées dans un autre chai la deuxième année, Celui-ci n'est pas visitable afin de conserver une température relativement basse pour éviter tout développement bactérien avant l'embouteillage.
Vignes de l'Angélus vues à travers les verres rouges du chai
Nous passons ensuite à la dégustation:
Angélus 2001: robe sombre rouge violacée. Nez puissant et charmeur sur les fruits noirs bien mûrs, le moka et les épices. Bouche très ample, puissante, riche, aux tannins veloutés. Le milieu de bouche est sans faille, mais les tannins se durcissent en fin de bouche et la rendent moins agréable. Apparition d'une légère amertume. Bref, ça en impose, mais ce n'est ni subtil, ni gourmand. A 120 euros la bouteille, je n'achète pas, c'est clair...
Merci en tout cas à Coralie pour cette visite alerte et instructive!