Un peu en retard, après Laurent, Patrick et Frédéric,  voici les impressions de Daniel sur les vins de mon repas d'anniversaire. Si vous lisez régulièrement son blog, vous ne serez pas surpris par la finesse et la précision de ses analyses. En lisant ses notes, on a vraiment l'impression d'être en train de déguster les vins qu'il décrit. Cela permet de se rémémorer avec émotion de ce beau moment de partage :o)

J’ai eu le privilège d’être invité au repas célébrant le quarantième anniversaire d'Eric, avec quelques convives fréquentant notre club de dégustation, et Laurent dont j’ai pu faire la connaissance. La qualité des mets servis, qui a été évoquée par plusieurs participants, la recherche et l’élaboration des plats est tout à fait au niveau de ceux réalisés par d’excellents restaurateurs professionnels (étoilés).

Je vous parlerai, essentiellement des vins servis à l’aveugle et bus lors de ce repas.

Champagne Pommery : Cuvée Louise 1995

La robe est jaune ,très légèrement dorée, les bulles sont fines, le nez est avenant et expressif avec des arômes de brioche , de verveine et de tilleul, et quelques notes de fruits blancs, la bouche est bien construite , assez vineuse, élégante, avec des saveurs de pommes et poires, l’acidité , assez marquée,mais sans excès , dès le milieu de bouche évoque plutôt le millésime 1996, elle donne un bel éclat à la finale , fraîche , savoureuse, avec des flaveurs de viennoiserie dominantes et des notes de craie. Noté : 16,5*

J F Ganevat : Savagnin Cuvée Privilège 2004 Ce vin a accompagné, avec succès et harmonie un « chaud froid de pommes et copeaux de foie gras « La robe est jaune, avec des reflets ,de couleur légèrement beige à orangée, le nez est intense et net , avec des parfums de pommes et poires cuites au four, épices orientales, des notes d’agrumes, et la sensation d’un vin légèrement oxydatif, la bouche est sphérique,dès l’entrée, pleine, avec une structure mariant la rondeur, le gras, et une acidité assez tranchante ( vignes sur sous-sols marneux ), de belles saveurs de pommes chaudes soulignent le milieu de bouche et accompagnent une longue finale, épicée, intense et fraîche Noté : 16*

Les deux plats suivants : Tartare croquant de saumon, nuage d’huîtres, quintessence de pamplemousse, et queue de langouste, gâteau de sarrasin, écume de chardonnay, ont été accompagnés par les deux vins que je décrit. Le premier vin blanc avait, pour ma part une maturité trop prononcée pour se marier idéalement avec le saumon, je préfère associer la chair grasse du saumon avec un vin plus sec, à l’acidité un peu vivifiante. Le second vin a bien épousé le plat avec une belle union entre le côté terrien (minéral) du vin et les saveurs finement iodées (marines) de la langouste, j’ai vraiment bien aimé.

Pouilly-Fumé : Dagueneau Silex 2000

La robe est de couleur jaune doré, le nez évoque au premier plan des arômes d’asperges qui font place à l’aération à des parfums de citrons et de pamplemousses un peu confits ; la bouche est riche, assez grasse, les fruits sont mûrs (même très mûrs) opulents, très aromatiques, l’acidité manque un peu dès le milieu de bouche, et la finale est languissante, même lascive, sans peps, avec une sensation de sucres résiduels Noté 15* Un bel exemple de la difficulté à associer la maturité des fruits et la fraîcheur dans les millésimes solaires.

Bouchard Montrachet 1985 La robe, avec des larmes assez bien dessinées au bord du verre est assez chatoyante, dans un fond de couleur jaune or, le nez d’abord discret finit par libérer, à l’aération, des arômes un peu herbacés de thym, et floraux ( verveine et tilleul ) et des notes pierreuses, la bouche est assez grasse et charnue, avec des saveurs de fruits blancs un peu épicés, mais le volume est un peu étriqué, et l’acidité gustative est un peu juste dans le milieu de bouche, la finale est persistante , assez intense et minérale dans sa structure et dans le goût ( calcaire). Malgré une minéralité assez affirmée, on en attend plus d’un tel vin. Noté 15,5*

La chair délicate du filet mignon cuit à basse température, et le côté forestier des cèpes ont parfaitement joué avec la finesse et les notes tertiaires du premier vin rouge qu’il ne fallait pas étouffer par un plat trop puissant. Le second vin voulait du répondant, le canard à la réglisse, purée ravelotte avec les arômes intenses et une peu sauvages du canard associés à la réglisse (présente dans la palette aromatique du vin) ont parfaitement tenu leur rôle, l’échange a été tout a fait convaincant avec le vin constitué de Syrah dominante (95%).

Saint Julien Château Talbot 1959

La robe de profondeur moyenne présente une coloration générale de teinte brique, le nez est subtil, expressif et séduisant : humus, résine, tabac blond, pruneaux, boites à épices, cerises au naturel, la bouche est fine mais bien structurée, avec des tannins parfaitement fondus, au toucher soyeux, les fruits sont encore présents dans un milieu de bouche, aux saveurs complexes, et sans faiblesse. La finale, d’une bonne persistance est fraîche, délicate, savoureuse avec sa kyrielle d’arômes tertiaires Noté 16*

Manfred Krankel: Sine Qua Non Midnight Oil 2001

La robe est presque noire au coeur du verre, avec un fin liseré de couleur pourpre à sanguine, le nez est intense, précis et très engageant : mûres et cassis écrasés, réglisse, camphre, notes d’eucalyptus et d’olives noires Très sphérique dès l’entrée en bouche,avec une masse tannique impressionnante mais superbement enrobée, au toucher soyeux, le milieu de bouche est concentré et ample, mais avec une structure un peu plus ferme, et une fine acidité mûre qui dynamise la très longue finale, riche, opulente, d’une qualité de fruits remarquable, équilibrée et d’une bonne fraîcheur, le tout finement épicé. Superbe Noté 18 *

Les accords ont été très réussis, entre les trois derniers plats et les vins servis avec chacun d’eux. Les nems d’agneau aux senteurs de garrigue et le vin du Languedoc ( même si j’en attendais un peu mieux ) se sont bien épousés, les fromages ( dures et jaune ) ont joué une bonne partition avec le vin jaune ( c’est vrai que nous avions expérimenté cet accord à Saint Jean de Monts, et que j’étais ,de ce fait, en terrain connu ), mais pour ma part le dessert : Sorbets figue, café et noix, sauce au PX, turon et fruits secs caramélisés, et le vin l’accompagnant ( servi à parfaite température ) ont été la très grande réussite de ce repas ( un dialogue permanent entre le plat et le vin pendant toute la dégustation) qui n’en manquait pourtant pas. Un grand coup de sombrero à Eric qui a su être inventif, dans la conception et l’élaboration de ce repas, avec un choix très judicieux des vins

Domaine Peyre Rose : Clos des Cistes 1998

La robe ,d’une bonne profondeur, laisse entrevoir des reflets de couleur rubis, le nez est expressif et net, avec une dominante d’épices variées (dont le poivre) puis l’olive noire, des petites baies sauvages et des senteurs de garrigue, la bouche est riche ,dès l’entrée, les tannins un peu fermes donnent une sensation de légère rusticité en milieu de bouche, néanmoins savoureux, bien construit et assez puissant, la finale , d’une bonne persistance, est aromatique, intense , avec une rémanence des arômes décelés à l’olfaction, mais légèrement marquée par l’alcool Une nouvelle dégustation s’impose, n’est-ce pas Laurent !!! Noté 16*

Auguste Pirou:  Chateau Chalon 1992

La robe a une teinte jaune foncée, avec des reflets de couleur orangée, le nez d’une bonne intensité est assez bien défini et classique : pommes rôties, épices orientales, coings, noix fraîche, vieux calvados, la bouche est assez pleine, plutôt grasse, d’un assez bon volume, en milieu de bouche, avec des saveurs appuyées, manquant un peu de pureté; la finale, d’une bonne persistance est plus massive qu’élégante, mais le goût ne manque pas Noté 15,5 *

Don PX 1971 Gran Reserva Toro Albala

La robe est noire au centre du verre, avec des reflets de couleur caramel, et des larmes très grasses, le nez est intense et complexe : café ,moka, caramel, noix et fruits secs associés, figues, cerises confites et pruneaux, la bouche est grasse ,riche, opulente, avec une matière visqueuse qui monte lentement vers le palais pour l’occuper pleinement, avec beaucoup de densité, et énormément de goût, la finale est interminable, très riche , très parfumée, complexe, avec néanmoins une acidité sous-jacente qui évite tout sensation pâteuse (si le vin est servi frais ). Un vin exceptionnel Noté 18*