Visite dégustation au château Belair
Il était fort intéressant de passer d'Angelus à Belair, car la façon d'aborder le vin est pour le moins différente: autant le premier est synonyme de modernité, autant l'autre se veut le défendeur du Bordeaux traditionnel.
La côte Pavie vue de Belair
Si l'on prend sa situation géographique, elle est assez exceptionnelle. Le château se situe en haut de la côte calcaire. Il est voisin d'Ausone qui appartenait il y a encore peu au même propriétaire, et du Clos la Madeleine. Le vignoble est cultivée en éco-dynamie qui ressemble furieusement à la bio-dynamie, excepté peut-être son fatras ésotérique...
Avant d'entrer dans le chai troglodyte du domaine, on peut remarquer un prototype de Vinosaure. Sous ce nom un brin farfelu se cache un appareil révolutionnaire créé il y a près de 30 ans par Pascal Delbeck, l'actuel propriétaire. Sur la base d'une remorque, vous avez une table de tri vibrante, un érafloir et un tapis roulant pour transporter en douceur le vin dans la cuve. Les puristes d'aujourd'hui vous diront qu'il manque une table de tri après l'érafloir pour contrôler la qualité des grains.
Le chai troglodyte est assez impressionnant, et sa fraîcheur très appréciable. Il s'y trouve quatorze cuves en inox thermo-régulées. Le plus surprenant vient de deux cuves supplémentaires logées dans une fosse au fond du chai. Elles peuvent monter et descendre à volonté afin de permettre un remontage par gravité: transfère le moût par gravité dans une de ces cuves en position basse. Puis on la monte et on reverse le moût sur le marc de la cuve d'origine également par gravité. Résultat: pas besoin de pompe pour les remontages!
La fermentation malo-lactique est faite en cuve avant un transfert par gravité vers le chai à barrique. Un soutirage trimestriel est fait comme le veut la tradition. Là aussi, seule la gravité est utilisée pour le faire. Ainsi, jusqu'à la fin de l'élevage, aucune pompe n'aura été utilisée.
Nous visitons une partie des galeries souterraines où sont stockées les bouteilles du château. Si on devait en visiter l'intégralité, on y passerait un bon moment: il y en a 100.000 m²!!!
La dernière photo montre les cadaves d'une dégustation exceptionnelle qui a eu lieu il y a une dizaine d'année: une verticale de plus d'un siècle de tous les millésimes de Belair!
Il ne nous reste plus qu'à déguster le millésime 2005 sour le regard bienveillant de Jésus:
Belair 2005 (échantillon à partir de 4 barriques fait 2 jours auparavant): robe rouge sombre mais pas opaque. Nez fin sur la mûre, la framboise avec en arrière-plan des notes lactées et toastées. Bouche fraîche de bonne ampleur avec une acidité bien présente mais parfaitement intégrée. La matière joue plus la carte de la finesse que celle du volume. Les tannins doux au départ se durcissent en fin de bouche et gâchent un tantinet la finale. Un peu austère, comme dirait Daniel ;-)
Merci en tout cas à notre guide d'un enthousiasme rare qui sait faire partager son amour du domaine...